Quand le hasard fait bien les choses [PV: Audrey Uchika]

Un klaxon dehors, le champ d'un oiseau qui s'agrippe aux volets, voilà ce qui tira Taïchi de son sommeil on ne peut plus banal et sans saveurs. Il ne rêvait pas, il s'endormait en pensant à rien et se réveillait sans but précis. Aujourd'hui il est de repos ce qui signifie qu'il a toute sa journée de libre. Mais que faire exactement? Il s'allongea sur le dos, les mains derrière la tête et regarda le plafond. Avec ses pieds, il repoussa la couette et se retrouva en caleçon sur son lit, les volets filtrant un peu des rayons du soleil, pour éclairer suffisamment la pièce. Que faire... Que faire... Taïchi n'avait pas de courses à faire vu que son frigo était plein, il ne voulait pas jouer à la console aujourd'hui, ni lire. Bon il ne lui reste plus qu'à sortir alors. Il se leva alors de son lit et commença par prendre sa douche tout en réfléchissant à ce qu'il pourrai faire. La radio allumée, il reconnu une chanson qu'il aimait bien. Ce qui lui fit mettre de l'eau partout tellement il était content.
Finalement la journée ne commençait pas si mal que ça! Une fois sorti, il se servit un petit déjeuner, composé d'un verre de jus de fruits. Finalement il avait opté pour se prendre un truc en ville. Une excuse pour faire un tour en somme... Il sorti donc, ferma l'appartement et se dirigea vers la rue principale. Quelques bonjours par-ci par-là à ses patients, et il s'arrêta à un snack où il prit un énoooooorme panini au chocolat. Il paya le serveur et commença à marcher tout en réfléchissant où il pourrai aller... Voyons... Tout le monde est en ville... Du coup il ne doit pas y avoir foule à la plage. C'est décidé!
Taïchi se mit donc à marcher en direction de la plage. Il en était pas fan, mais s'asseoir sur les marches en regardant la mer, faut avouer que c'est reposant. Et puis avec un aussi bon casse-dalle que celui qu'il tenait dans la main, que demander de plus? Alors il marcha, marcha encore et au bout d'une vingtaine de minutes, il traversa la rue pour arriver au niveau des marches qui donnaient accès à la plage. Et Taïchi avait vu juste, presque personne. Tant mieux. Comme ça les gens ne seraient pas tentés de lui piquer son déjeuner. Ce qui est une bonne chose... pour eux! Car un Taïchi affamé est très dangereux! Il s'assit donc sur les marches, et porta le panini à sa bouche et croqua un grand coup dedans.

' WOUAH!!! Putain c'est chaud!'

Dit-il en agitant sa main libre devant la bouche grande ouverte. Il agita ainsi sa main devant sa bouche pendant quelques secondes et choisit finalement d'attendre un peu avant de commencer à déjeuner... Même si son ventre (ou son trou noir, comme il était surnommé) criait, hurlait famine. Pourtant il avait même très bien mangé hier soir. Mais il y'a des choses qui ne changent pas... Toujours est-il qu'il se demanda bien pourquoi il avait voulu venir à la plage, quel hasard avait conduit ses pas jusqu'ici alors qu'il n'y venait pratiquement jamais d'habitude. Les mystères de la vie...

Quelques fois, nos employeurs sont bizarres. Peut-être que vous n'avez jamais remarqué, mais ceux-ci nous demandent souvent des choses étranges, dénués de tout sens. Tout dépend bien entendu de votre métier, mais quand on travaille dans une crémerie, c'est le comble de la bizarrerie. Comme vous savez si bien, ma première nuit au pensionnat se déroula à la bibliothèque, où le lendemain matin, je rencontrai mon bien-aimé. Suite à une grosse discussion que je ne veux pas dire puisque vous savez où aller, nous nous séparâmes pour aller où bon nous semblait. De mon côté, je me rendis directement à la crémerie, pour reprendre mon ancien boulot. Quand j'arrivai là-bas, j'apprise que j'étais encore une employée et que j'avais plein d'heures à reprendre. J'essayai d'expliquer la raison de ma disparition, mais mon patron refusa d'écouter mes « sottises », comme ils les appelaient. Il fallait vraiment être un gros con (désolé du mot) pour ne pas me croire ! C'est pourquoi il me donna l'uniforme (un costume ressemblant énormément aux habits de serveuses des années cinquante) et je commençai à travailler et à travailler. Je restai là jusqu'à la fermeture. Suite à cela, je me rendis dans ma chambre, dormir sur un bon vieux lit. Pour une première vraie journée, elle n'avait pas été facile. De plus, il fallait que je me réveille à six heures demain matin si je voulais me rendre au travail. Mais c'est quoi cette idée, ouvrir une crémerie à sept heures ! Il n'y a personne qui mange de la crème glacée à une heure si matinale !

Le lendemain, je me réveillais tranquillement comme à mon habitude, je pris un petit quelque chose à manger sur la route et je partis le plus rapidement possible vers mon lieu de travail. Le patron m'attendait, devant la porte, un air sévère sur le visage. Je lui demandai si je devais enfiler mon uniforme, il me fit « non » de la tête. Il m'annonça alors qu'il m'envoyait pour un travail spécial dans un endroit spécial ; la plage. En fait, la mission était que je devais acheter une glace chez l'un des nombreux marchands de glaces de cet endroit et je devais questionner le serveur ou la serveuse sur la recette et tout et tout. Je devais également faire un rapport sur la glace, donc si elle était bonne, molle, dure, savoureuse. En d'autres mots, il voulait que j'espionne les autres marchants, car il pensait que l'un d'eux lui avait volé sa recette. C'était - selon moi - la chose la plus stupide de la planète, mais je devais faire mon travail et mon travail aujourd'hui était d'espionner. Je partis donc de la crémerie jusqu'à la plage. Quand j'arrivai là-bas, je fus surprise de voir qu'il n'y avait personne, vraiment personne. Pourtant, il faisait beau et chaud. Peut-être que la populace allait venir plus tard... Rapidement, j'aperçus l'un des nombreux marchands ambulants et je me dirigerais vers celui-ci.

-Pourrais-je avoir une glace à la noisette s’il vous plait ?
-On n’a pas de ça...
-Oh! alors à la pistache ?
-Non plus.
-Donnez-en moi une à la vanille alors...
-D’accord.

Le serveur boutonneux me servi une glace, la crème dégoulinant un peu partout. On pouvait dire qu'elle était très molle, elle devait avoir chaud là-dedans. Je décidai d'aller m'asseoir près des marches, ne me rendant pas compte qu'il y avait déjà quelqu'un d'assis là. Et moi, ne regardant pas du tout où j'allais, je lui fonçais dedans, laissant tomber la glace sur le sol. Quand je me relevais de terre, je m'aperçus qu'il y avait une grosse tache de chocolat et plutôt chaude sur ma camisole. C'était brûlant, ma seule option était d'enlever ce fichue vêtement, ce que je fis sans même penser au conséquence d'un tel acte. J'étais désormais en soutien-gorge, expirant de bonheur. Je retournai mes yeux vers les marches et c'est là que je vis un jeune homme, me fixant. Mes joues devinrent rouges tomates. C'était sûrement l'événement le plus honteux de toute ma vie !

-Oh...

Toujours pour patienter, Taïchi avait posé son panini sur sa tête, histoire qu'il refroidisse plus vite (et bien oui au contact de l'air) et cela lui tenait sa tête au chaud. Evidemment, ça ne manquait pas d'interloquer les passants qui se demandaient ce qu'il faisait comme annerie! Mais il s'en moquait et pour tout dire, il n'y faisait même pas attention. Il avait son menton posé sur les mains, le regard pointé droit vers la mer qu'il regardait, fixant de temps à autre les mouettes qui passaient par là. Bien entendu, il faisait toujours attention à ce que l'une d'entre elles ne vienne pas lui piquer sa pitance. Taïchi bailla un coup, sa main évidemment devant sa bouche vu qu'il a été bien élevé quand même, et se gratta le dos car quelque chose le gênait. Au moment où il allait s'étirer, quelque chose lui tomba littéralement dessus, faisant tomber par la même occasion son panini. Et tout à coup, le monde s'arrêta de tourner. Il se remémora alors le moment où il s'était brûlé la bouche en voulant croquer dedans et se dit que maintenant il ne pourrai plus jamais le faire. On ne mange plus quelque chose qui est tombé! Il se frotta alors les yeux et le monde retrouva sa vitesse normale.
Il tourna alors la tête et vit une jeune femme qui avait une fantastique tâche de chocolat sur ce qui semblait être sa tenue de travail. Pendant un temps, il cru reconnaitre la jeune femme, comme si il l'avait déjà vue quelque part. Mais avant qu'il n'ai eu le temps d'ouvrir la bouche, la jeune femme avait enlevé son haut, révélant son torse couvert en tout et pour tout par un soutien-gorge. Très joli certes, mais ça restait une jeune femme qui était désormais ultra gênée, ce que Taïchi remarqua par les tâches rouges sur les joues de la jeune femme. Il remarqua aussi une glace sur le sol. Sans doutes l'avait-elle fait tomber quand ils se sont percutés... Il ramassa alors la tunique de la jeune femme, et l'épousseta grossièrement, afin d'enlever le sable. N'empêche, quelle fantastique tâche de chocolat! Il tendit alors la tunique à la jeune femme.

' Vous savez, même si un panini au chocolat a un effet dévastateur et augmente considérablement mon charisme, je doute que me jeter ainsi en pleine figure votre vêtement fasse quoi que ce soit!'

Dit-il en souriant afin de détendre l'atmosphère. Il était évident que ce n'était pas sa façon naturelle de parler, mais avait fait ça plutôt dans l'optique de la détendre après une telle épreuve que devait être le déshabillage explosif devant un inconnu. Il eut alors un éclair de génie. Il posa alors la tunique de la jeune femme sur une des marches et Taïchi enleva sa propre veste. Après tout lui avait un T-shirt en dessous. Il tendit alors la veste à la jeune femme, pensant qu'elle serai mieux qu'avec une tunique toute dégueulasse.

' Tenez, elle est confortable et comme ça vous serez couverte. Et en plus elle sent bon! Ne craignez rien, je ne mords pas du tout!'

Vraiment étrange cette impression de déjà vu...

Sûrement qu'il vous est déjà arrivé - dans cette vie ou dans une autre - d'avoir honte. Peut-être suite à une présentation devant ton cours ou tes employeurs, ou après avoir émit un drôle de son, en compagnie de plusieurs personnes. Mais, cela n'est rien à comparer ce que je venais de subir comme honte. Comme vous savez si bien, je venais tout juste de me dénuder en public. Ce n'était pas du tout mon genre ! Ça ne m'arrivait jamais de faire cela, jamais. J'étais même plutôt du genre pudique. Seulement, là, je ne sais pas °.°, une mouche m'a peut-être piqué ou je-ne-sais-quoi. Mon premier réflexe avait été d'enlever ce vêtement sale et qui brûlait. Si j'avais été seule, il n'y aurait eu aucun problème, mais là, j'étais devant un parfait inconnu qui pouvait bien être un sale pervers qui ne rêvait que d'une chose ; me baiser. Je pouvais aussi très bien me tromper, mais c'était à voir. Il avait de l'air plutôt gentil, mais personne ne ressemblait à ce qu'ils étaient vraiment ici... excepté moi. Tout le monde cachait une double personnalité de gros pervers ou de tueur en série. Peut-être qu'en fait, la personne à qui je parlais présentement était un médecin qui adorait les tronçonneuses ! Mais comme un peu plus, c'était à voir. Il ne fallait pas se faire de fausses idées sur un parfait inconnu, c'est plutôt vilain faire ça, et je ne suis pas une vilaine.

Le jeune homme pris ma tunique qui était sur le sol, sûrement pour regarder la vilaine tache de chocolat. J'allais devoir passer à la buanderie du pensionnat, sinon mon patron allait m'engueuler. Enfin, l'inconnu me tendit mon vêtement, comme s'il voulait que je la remettre. Jamais de la vie ! Comme si j'allais mettre ce truc tout taché. J'admets tout de même que je préférais ça à mon soutien-gorge. « Vous savez, même si un panini au chocolat a un effet dévastateur et augmente considérablement mon charisme, je doute que me jeter ainsi en pleine figure votre vêtement fasse quoi que ce soit! » On dirait bien qu'il essayait de faire de l'humour, pour détendre l'atmosphère. Dans le fond, il était un type bien, qui ne me voulait aucun mal. Ou peut-être cachait-il parfaitement ses vrais intentions... Enfin, c'est quand même lui qui pensa à enlever sa veste et à me la passer, disant qu'elle serait bien mieux que ma tunique. Il précisa aussi qu'il ne mordait pas. C'était bien de le dire, car c'est sûr que je pensais qu'il allait me mordre ! J'avais peur qu'il soit un monstre ou un vampire (ok, je sors). Je prise rapidement la veste et je l'enfilais aussi rapidement que je l'avais prise. Je ne pus retenir un soupire de soulagement. Enfin j'étais habillé, enfin je portais quelque chose.

-M... merci. Désolé pour votre repas, je... je vais vous rembourser.

Je prise la tunique sur le sol, me préparant à lui donner de l’argent. J’attendais seulement le montant de ce panini au chocolat.

Force est de constater que les bonnes intentions ne sont pas toujours prises pour des avances. Ou du moins, que pas tout le monde ne prend ça pour des avances. Ce qui semblait être le cas de cette jeune femme. Quand elle lui prit la veste, on aurai dit un fauve en sautant sur sa proie, avec une telle vivacité... Bon très bien nous allons arrêter les métaphores et reprendre le cours de notre histoire. Toujours est-il que la jeune femme prit rapidement la veste pour se couvrir et la ferma même, toujours aussi gênée il semblerai qu'un inconnu l'ai vue ainsi. Toujours est-il que cette veste lui va carrément bien! Même mieux qu'à lui. Enfin bon, Taïchi se secoua la tête afin de revenir à la réalité mais les mots qui sortirent de sa bouche se tuèrent en une onomatopée de surprise, un 'Oh... ' lorsque la jeune femme s'empressa de prendre son porte-feuille, lui demandant le montant du panini afin de le rembourser pour les dégâts causés. Taïchi était absolument contre car ce n'était pas de sa faute. De plus il détestait par-dessus tout parler argent avec ses amis alors avec des inconnus... C'était le comble de la gêne. Il s'apprêta à parler mais encore une fois, son cerveau disjoncta et il sortit de sa bouche ce qui n'était pas prévu à la base.

' Non mais de toutes manières un lampadaire on le voit mieux en pleine journée même si il est éteint... '

Faisant une grimace de surprise, il se frappa le front avec la paume de sa main droite, se demandant pourquoi il avait dit ça. Se secouant à nouveau la tête pour essayer de concerver le peu dignité qui lui restait dans le cerveau devant une telle gaffe, il se gratta la tête et réfléchit bien avant de sortir les prochains mots qu'il allait prononcer. Il faut surtout garder à l'esprit qu'il ne veut surtout pas être remboursé...

' Ouhla non merci je ne veux surtout pas être remboursé. Le seul argent que j'accepte c'est le paiement de mes patients et encore j'ai un peu de mal! (Dit-il en souriant) De plus, je voulais vous dire que cette veste vous va vraiment très bien et ce serai un plaisir que vous la gardiez. Et je suis conscient que ça peut vous paraitre bizarre, mais vous voir avec ça m'a rappelé quelqu'un et... D'ailleurs on ne se serai pas déjà rencontré? Votre visage me dit quelque chose...'

L'argent dirige ce monde. Ce n'est ni l'homme, ni la machine, mais bien l'argent qui a le pouvoir total sur toute l'humanité. Comme le dit si bien la chanson de Pink Floyd, l'argent est en quelque sorte un crime. Nous sommes devenus une société avare, adepte de la consommation. L'argent coule à flot, mais pas pour de bonnes raisons. L'argent peut servir pour aider des pays en difficulté, pour aider des personnes en difficultés. Mais pas pour s'acheter le dernier vêtement à la mode qu'on va abandonner dans le fond de notre garde-robe quand elle ne sera plus in. Bon, je m'excuse pour ce petit cours de philosophie et de consommation, mais c'était seulement pour introduire la suite de ma rencontre avec ce jeune homme à la plage. Ce jeune homme même sur lequel j'avais littéralement foncé dessus. Ce jeune homme même à qui - en ce moment - je lui propose de l'argent, pour rembourser son panini. J'attendais sa réponse, pour voir combien je devais lui donner. Ce n'était pas dans mon habitude de faire cela, mais on ne sait jamais dans cette ville, il y a toutes sortes de personnes. J'ai rencontré ou entendu parler de pervers, de violeurs, de voleurs et d'autres choses que je préfère ne pas nommer aujourd'hui. Alors, il devait bien y avoir quelque part quelqu'un qui n'aime que l'argent !

« Non mais de toutes manières un lampadaire on le voit mieux en pleine journée même s'il est éteint... » Quelques fois, nous ne comprenons pas le sens d'une phrase même si celle-ci est parfaitement logique. Mais cela arrive aussi qu'il n'y a rien à comprendre dans une phrase et - mes chers amis - celle que venait de dire l'inconnu faisait partie de la deuxième catégorie. Pourquoi commençait-il à parler de lampadaire ? Il n'y avait aucun sens à donner à cette phrase, dans notre contexte bien sûr. C'était comme si je commençais à parler espagnol dans un cours de japonais ! Enfin, la seule expression qui vint sur mon visage fût de l'incompréhension. Mon interlocuteur, quant à lui, se frappa le front pour ensuite ce gratter la tête, sûrement pour chercher quelque chose à dire qui serait logique. Il me dit ensuite qu'il ne voulait pas accepter mon argent, disant que le seul paiement qu'il accepte est celui de ses patients. De ses patients ? Il était donc un médecin ? Je n'aurais jamais deviné cela ! Enfin, cela me soulageait grandement, d'apprendre qu'il ne voulait pas de mon argent. Je remis donc ma bourse dans une poche de ma tunique - où il n'y avait pas de chocolat. Le jeune homme continua en disant qu'il voulait que je garde sa veste, disant qu'elle me faisait mieux qu'à lui. Pour finir, il me demanda si on s'était déjà croisé. Ça se pouvait bien, j'ai tout de même passé quelques années ici, avant de partir. On s'était peut-être déjà vu, comme ça, mais je ne m'en rappelais guère.

-On s’est peut-être déjà croisé, en fait, je viens de revenir en ville. Donc peut-être qu’on s’est déjà vu dans la rue... Et sinon, merci pour votre veste, mais elle doit vous tenir à cœur et j... je préfère que vous la gardiez.

J’esquissais un petit sourire timide lorsque je remarquai que je ne m’étais même pas présenté ! Les politesses Audrey, les politesses !

-Ah et euh... je me nomme Audrey Uchika, enchantée de faire votre connaissance.

La politesse inintéressée et non motivée par un quelquonque intérêt paraissant toujours suspecte, Taïchi ne fut pas surpris que la jeune femme s'étant présenté comme Audrey Uchika refusa qu'elle garde sa veste. Ce n'est pas grave après tout! Mais il pensera toujours qu'elle lui va mieux à elle qu'à lui. Il lui souria alors avec un signe de tête montrant qu'il avait compris et acceptait sa décision, tout en réfléchissant à ce qu'elle avait dit plus tôt. Apparemment elle avait déjà vécu ici. Alors c'est sûr il l'avait déjà vu. Mais Taïchi ne dit rien de plus à ce sujet, de peur de passer pour un fou. D'ailleurs... Lui non plus ne s'était pas présenté! Quelle manque de correction!

' Enchantée également Mademoiselle Uchika. Je me nomme Taïchi Motomiya. Médecin en ville et bûcheron à mes heures perdues. (Dit-il en riant et en pensant à Poupinette) Non je plaisante, je ne suis pas bûcheron. Mais par contre je suis réellement médecin. Alors si jamais vous avez un soucis, n'hésitez pas à passer, mon cabinet est en face d'un exquissime restaurant mexicain. Vous serez la bienvenue![/color] '

Et c'est à ce moment que son portable se fit remarquer. Il reconnu la sonnerie qui correspondait à un ami et tout en s'excusant, pris le téléphone qui se trouvait dans une poche intérieure de la veste qu'Audrey avait sur lui. Un brin gêné, il se dépêcha néanmoins de le prendre pour éviter de la gêner elle aussi davantage. Et finalement ce n'était pas un appel mais un message. Une fois lu, il se mit à rire et rangea ensuite le téléphone dans sa poche, souriant maintenant et regarda la jeune Uchika.

' Veuillez m'excuser, c'est un ami qui me disait qu'il avait choppé une indigestion à force de manger du chili du restaurant mexicain dont je vous parlais juste à l'instant. Oh et... Un des jours si jamais vous passez au cabinet, je pourrai peut-être vous y emmener! En tout bien tout honneur évidemment! Mais j'y pense, votre glace est par terre! Puis-je vous en offrir une nouvelle en compensation de mon vilain panini qui vous a sali votre tunique? Je serai très heureux de pouvoir le faire vraiment!'

Dit-il tout en joignant les mains, pour montrer qu'il avait vraiment envie de lui faire plaisir. Si lui avait perdu son panini, elle avait bien perdue sa glace après tout. Et puis une glace au petit déjeuner, pourquoi pas? Aucun panda n'en est mort! Même si un panda ça mange pas de glaces aux dernières nouvelles d'ailleurs...

La politesse est sûrement l'une des meilleures choses de cette planète - quand elle est respectée. Car oui, certaines personnes ne respectent pas cela. Par exemple, je ne crois pas qu'un violeur prenne le temps de se présenter avant de te violer. Non, il dit plutôt « viens ici petit pétasse » ou « je vais te foutre mon bâton dans la bouche », ce qui n'est pas très poli. S'il voulait l'être - ce que, bien entendu, il ne veut pas - il faudrait qu'il dise : « Bonjour, je me nomme John et je suis sur le point de te violer. Pourrais-tu, s'il te plait, ouvrir ta bouche, que je mettre mon engin dedans ? » Voilà comment il devrait parler, mais si je rencontre un violeur de ce genre un jour, je crois que je risque d'être plutôt surprise. Enfin, pour en revenir au sujet, la politesse est quelque chose de très important à mes yeux. Je vouvoie les inconnus, je me présente toujours (même si parfois j'oublie) et je ne dis jamais de vulgarités. J'aime bien rendre service aux autres et je dis toujours merci et s'il vous plait. Enfin, je suis quelqu'un de très polie et - heureusement - j'étais tombé sur quelqu'un de pareil. Car, le jeune homme me semblait être plutôt gentil, mais peut-être était-ce seulement moi !

Comme j'avais si bien deviné, le jeune homme (qui se nommait Taïchi) était un médecin. Seulement, sur le coup, quand il me dit qu'il était aussi bûcheron, je fus plutôt surprise. Pourquoi il gaspillait de son temps à couper des arbres ? Après quelques secondes, il se mit à rigoler, disant que ce n'était pas vrai. De mon côté, qu'un petit sourire s'afficha sur mes lèvres. Peut-être que c'était une blague que seulement lui, pouvait comprendre. Enfin, de mon côté, quand il m'a dit « si vous avez un soucis », la première chose à laquelle je pensai était mon accident. Peut-être qu'il m'aurait mieux traité qu'à l'hôpital, ou peut-être pas. Comment pouvais-je le savoir ? Je ne le connais pas assez pour pouvoir émettre des suppositions. Après quelques secondes de silence, un téléphone sonna. Ce n'était pas du tout le mien, puisque je n'en avais pas ! Je trouve ça tellement inutile, surtout quand tu n'as plus de familles, ni d'amis. Seulement, j'admets tout de même que si on dans une forêt qui est trouve nulle part et qu'on est couvert de sangs, ça peut-être utile d'avoir un cellulaire. Mais quelques fois, on ne peut même pas téléphoner à une pareille distance, puisqu'il n'y a personne qui habite dans le coin justement ! C'était donc le téléphone de Taïchi qui sonnait... et qui se trouvait dans l'une des poches de sa veste, que je portai justement sur mon dos. Ce n'était pas une poche extérieure, mais bien intérieure, ce qui était plutôt gênant. Rapidement, il le pris et lu le message que quelqu'un lui avait envoyé.

Une fois lu, il rangea le téléphone dans sa poche et me regarda en souriant. Un ami qui avait choppé une indigestion au restaurant mexicain ? Et il était exquis ? De mon côté, je n'avais plus vraiment envie d'aller y manger. Enfin, Taïchi proposa à son tour de me payer une nouvelle glace. J'en avais plus besoin, j'avais eu ce que j'avais de besoin. La glace était molle, pas beaucoup de choix de saveurs et les serveurs ne sont pas très propres. Mon rapport était terminé et j'étais sur et certaine que ce n'était pas ce marchant qui avait volé une glace. Alors, je dis à Taïchi :

-En fait, j'ai eu ce dont j'avais de besoin. Mon patron m'avait demandé de faire un rapport sur l'un des marchands de glaces de la plage et voilà, il est fait... M... mais moi aussi je serais très heureuse de vous offrir quelque chose. J'ai gâcher votre repas et - à comparer vous - j'ai déjà mangé ce matin. Je serais ravise de vous offrir un petit repas, tout ce que vous voulez !

C’était vraiment sincère.

Désormais, Taïchi savait ce que la jeune Uchika devait faire ici à l'origine. Bon d'accord on est loin du gros espionnage industriel des grosses firmes multinationales, mais bon ça reste tout de même de l'espionnage. Mais ça voyez-vous, il s'en moquait fichtrement. Il se demandait juste pourquoi son patron lui avait demandé de faire ça. Le magasin était-il proche du bilan? Non... Il devait être sans doutes inquiet et voulait créer de nouvelles saveurs tout en proposant quelque chose d'inédit que personne d'autre ne fait. Oui possible... Du coup il avait envoyé Audrey et patatra, nous voilà où nous en sommes maintenant: une grosse tâche, et une gêne partagée. La gêne s'accentua chez Taïchi quand la jeune femme l'invita à manger alors qu'à la base c'était lui qui lui avait proposé. Ah les femmes. Décidemment il n'y comprenait vraiment rien. Quand elle disent 'rouge' en fait elles veulents 'bleu', quand elle veulent une soupe, en fait elles veulent un steak, enfin bref... Taïchi n'y comprenait rien. Du coup il se gratta (encore) la tête et se demanda comment il pourrai lui dire ça.

' Ah nan c'est pas cool ce que vous faites! Je vous ai déjà dit que pour le panini c'était vraiment pas grave! Et si y'a une chose que je n'accèpterai vraiment jamais, c'est de me faire inviter au restaurant par une femme! C'est affreusement gênant! Ce n'est évidemment pas contre vous, vu que l'on ne se connait pas, mais ce n'est pas à une femme d'inviter un homme! C'est l'inverse! Sinon c'est le monde à l'envers vous me comprenez? Alors si jamais là maintenant vous avez faim, c'est moi et moi seul qui vais vous inviter!

Dit-il une main posée sur son torse, la tête légèrement penchée en avant pour être au même niveau que la jeune femme. Nan mais c'est vrai! Bon d'accord ça va un peu vite en besogne là, mais il est hors de question qu'Audrey Uchika paye quoi que ce soit à Taïchi Motomiya (et en plus ça rime!). Il préfère cent fois faire le tour de la plage en galipettes! Il s'avança alors, se mit derrière la jeune femme pour mieux lui remettre la veste en place et lui glissa à l'oreille tout doucement:

' Allé jeune fille, je suis sûr qu'il y'a au moins un restaurant qui vous ferai plaisir de tester en ville. Peu importe si il est cher ou non, c'est pas le soucis, c'est moi qui paye! Et rassurez-vous: si je propose ça, c'est que je peux me le permettre. Alors oublions une bonne fois pour toutes les préchi-précha de bonne conduite, si vous voulez quelque chose, dites-le moi cash, directement sans formes de politesse et on fera ce que vous voudrez! J'ai toute ma journée de libre! Alors si le coeur vous en dit, on peut la passer ensemble!'

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