Une après-midi... Chahutée. [PV Dr Darcia]

Darcia n’était arrivé dans sa nouvelle ville que depuis quelques jours que déjà il avait ses petites habitudes. Ne prenant son travail qu’en fin de matinée jusqu’à tard dans la nuit, il aime se lever de bonne heure afin de faire un tour en ville sans se presser.
En effet, chaque matin, après s’être douché et nourri, il sort profiter de la fraîcheur du matin, avant que la lourde chaleur de l’été s’installe dés midi. Quittant ainsi son modeste appartement de fonction gracieusement loué par l’hôpital qui l’embauchait, il prend la direction du centre ville. Une fois le temple shintoïste passé, il bifurque à droite et remonte la longue avenue principale, passant devant l’internat, puis l’hôpital situé a proximité. Enfin il arrive dans le quartier commerçant où il a pris l’habitude de faire ses courses. Là il y achète ses fruits et légumes frais ainsi que céréales et sodas dans une petite épicerie, fait un détour par la poissonnerie avant de compléter ses achats en prenant le journal. Une fois ses courses faites, il rentre toujours par le parc pour profiter de sa quiétude et de la beauté de sa végétation en cette belle saison.

Le parc possédait un lac en son centre autour duquel était aménagé un chemin pour les promeneurs, parsemé de bancs en bois comme on en trouve en Europe, puis au delà- des bancs se trouvait une large pelouse sur laquelle les étudiants et amoureux aimaient se retrouver, la zone de jeux pour enfant était déjà prise d’assauts malgré l’heure matinale. Enfin en divers endroit, de grands arbres, platanes, pins et autres, amenaient une ombre qui sera bientôt recherchée au fur et à mesure de l’avancée de la journée et de la chaleur.

Darcia marchait paisiblement le long du lac, un paquet rempli d’aliment dans chaque bras, la tête déjà pas encore à son travail. Cependant un médecin tel un agent de l’ordre ou un pompier peut à tout moment être appelé en urgence ou même intervenir en civil. Cela lui était déjà arrivé lorsque non loin de lui un homme s’était fait tiré dessus et qu’il avait du lui porter les premiers secours en arrêtant l’hémorragie.
Alors qu’il se remémorait le souvenir de cette journée peu agréable, une source d’agitation le tira de ses pensées. Un petit attroupement s’était créé autour de ce qui semblait être une jeune fille. A première vue elle était dans les vapes. Pressant le pas il se dirigea vers le banc et écarta sans ménagement le groupe de vieux qui la regardait comme un animal de foire. Il ne supportait pas l’apathie et la stupidité des gens et c’est surtout dans les moments de crise qu’on la voit.
Ignorant les réprimandes et commentaires déplacés des gens, il souleva avec facilité la jeune femme, plus âgée que ce qu’il avait cru au début, et l’allongea sur le banc avant de prendre son pouls. Alors qu’un homme, qui avait la cinquantaine bien tassée, essaya de le retenir par l’épaule, il le regarda d’une façon qui suffit à lui faire lâcher prise, d’autant plus que Darcia venait de se relever du haut de son mètre 90 et attendait sa réaction.

« -JE suis médecin, vous permettez que je m’occupe de cette demoiselle ou elle doit attendre que l’un d’entre vous ai passé son diplôme et se bouge le cul ? »

Finalement la foule se dispersa et il pu s’occuper de la jeune femme qui assise sur le banc reprenait tout doucement ses esprits. Il prit son pouls de nouveau, il était régulier. Il l’examina alors…pâleur, transpiration excessive, fébrilité au point d’être dans un léger coma, sont des symptômes en plus du tremblement. L’heure proche du déjeuné ajouté au jeune âge de la patiente et de l’habitude des filles à sauter les repas confirme le diagnostic d’une simple mais non moins dangereuse (surtout pour les diabétiques) crise d’hypoglycémie.
Les crises d'hypoglycémie peuvent être provoquées par des causes précises telles qu'un dysfonctionnement des glandes surrénales ou une déficience en hormones de croissances chez l'enfant. Mais souvent, seule une sensibilité accrue de la personne à une baisse de son taux de sucre dans le sang déclenche ces symptômes. La glycémie (le taux de sucre dans le sang) peut alors rester au-dessus du seuil de 0,6 g par litre de sang qui définit théoriquement l'hypoglycémie et le malaise s'installer tout de même.

Le premier geste à avoir est d’alimenter en sucre la victime, soit par un sucre pur, ou bien, mieux encore par un soda type coca-cola, plus facile a administrer. Darcia sorti alors une canette de coca qu’il venait d’acheter par chance et après avoir délicatement réveillé la jeune femme, la main soutenant fermement sa tête, la fit se remettre en position assise. Il lui tendit la canette lui demandant fermement de boire.

-« Etes-vous diabétique ? Buvez tout de suite ceci, mais lentement. »

Des qu’elle eut repris des couleurs, il s’adressa à elle d’une manière plus douce.

-«Est-ce que ca va mieux ? Comment vous appelez vous et que s’est-il passé ? »

Il y a des jours comme ça où quoiqu’on fasse, le destin viendra subitement casser votre routine rassurante et vous imposera des rencontres qui peut-être changeront votre vie. Cette matinée avait pourtant commencée de la plus ordinaire des façons ; se réveiller seul par les premiers rayons du soleil, sortir faire ses courses et prendre l’air avant une longue journée de travail. Combien de chance il y avait pour qu’il passe pile au moment où cette jeune femme s’évanouisse suite à une crise d’hypoglycémie ?
L’apathie des gens est une chose qui l’a toujours profondément agacé. Un jour alors qu’il humait l’air purifiant de la mer méditerranée durant l’un de ses voyages en Europe, un accident était survenu. En effet non loin de là mais trop pour intervenir, sur une plage d’été, un homme adulte a été pris de crampe alors qu’il tentait de nager jusqu’à la bouée. Il commença à se noyer et appeler à l’aide. Les gens de la plage le virent et s’agitèrent…mais prés de la moitié d’entre eux resta à ses occupations sans bouger, l’autre moitié se leva et criaient de l’aider, insultait le manque de personnel secouriste alors que c’était une plage publique. Il avait du se passer plus de 5 minutes avant que quelqu’un aille le chercher. Bien entendu, l’homme avait eu le temps de se noyer deux fois déjà…

Il eu l’impression de revivre cette scène lorsqu’il vit un attroupement autour du corps inerte, deux abruties de collégienne le prenait en photo, un groupe de vieux le regardé avec un mélange de pitié et de malveillance comme si c’était mérité…un autre semblait plus intéressé par le fait de lui faire du bouche à bouche que de l’aider...pathétique était le mot. Bien sur tous n’était pas comme ça, certains réagissaient vite et devenait de véritable héros, enfin pas ce matin visiblement.
Darcia les écarta d’un revers de bras et son mètre 90 les dissuada d’engager le conflit. Fort heureusement ils finirent par s’écarter et voyant que ce n’était qu’une simple hypoglycémie, partirent presque déçus. Il pouvait désormais s’occuper d’elle, le temps pressait, il fallait la réveiller et réalimenter son corps en sucre.

Darcia lui donna une canette de sodas riche en sucre ce qui lui redonna immédiatement des couleurs. Il pu alors la regarder d’un peu plus prés. C’était une jeune femme qui avait plus de la vingtaine, de petite taille, surtout comparé à lui, et plutôt mignonne. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il fut étonné de leurs couleurs si particulières, d’un gris perle magnifique, de quoi vous faire fondre un cœur d’un seul regard. Mais pas le temps de faire les romantiques, il doit d’abord vérifier que tout va bien, lui demandant au passage son nom.

« Je m'excuse... Rien de grave, j'ai juste sauté deux ou trois repas, et je ne me suis pas reposée, j'imagine que c'était due à la fatigue. »
« Je vous rembourserai la canette, je suis terriblement navrée. J'ai été totalement irresponsable! »
« Je vous remercie. Je m'appelle Lewi Ariyoshi. »

Elle était loin d’être la première jeune fille a s’évanouir pour avoir sauter des repas volontaires pour mieux maigrir ou gain de temps, chose relativement stupide et dangereuse en soit, mais il ne lui fera pas la moral, étant donné qu’elle en était elle-même consciente. Se sentant mieux elle se redressa sur le banc, et l’interrogea à son tour, tout en le regardant de ses beaux yeux.

« Vous êtes médecin? »

« Enchanté Mademoiselle Ariyoshi. Je suis Darcia et effectivement je suis médecin à l’hôpital public ainsi qu’à l’infirmerie de l’internet. Vous n’aurez pas toujours autant de chance Mademoiselle Ariyoshi vous savez, je vous conseil de vous restaurer plus régulièrement désormais. »

Il se leva du banc, reprenant ses courses qu’il avait déposé et avant de s’en aller lui lança avec un sourire chaleureux.

« Voulez-vous que je vous accompagne quelques part, que ce soit l’hôpital ou chez vous ? Et bien entendu la canette est gratuite »

Une fois l’instant héroïque passé du beau docteur venant au secours de la belle jeune femme en détresse, digne des meilleurs navets hollywoodiens, la scène devenait celle d’une banale rencontre entre deux jeunes gens, nouveaux venus en ville, rien de bien exceptionnel. Les gens qui il y a peu encore la regardait comme si elle se donnait en spectacle avait déjà disparus depuis longtemps. Chose qui les arrangeait bien.
Généralement, les gens qui portent secours aux autres comme les pompiers, gendarmes ou médecin font attention à qui ils sauvent une fois tout danger évacué. C’est maintenant que la jeune femme s’était redressée sur le banc après avoir repris des couleurs grâce au soda qu’il lui avait donné. Il la regarda d’un peu plus prés. Ce n’était pas une étudiante mais une jeune femme d’une vingtaine d’année tout comme lui, habillée de façon ordinaire pour une journée d’été, rien lui indiquant son métier en tout cas. Sa petite taille était encore plus visible à côté de sa grande silhouette élancée, donnant l’impression de David contre Goliath…elle lui arrivait tout juste à l’épaule. Cela dit il s’en fichait, préférant les femmes plus petites que lui, certaines aimaient l’impression de protection qu’il dégageait. Si son physique bien qu’attirant n’avait rien d’extraordinaire, il en est tout autre pour son visage. Elle ne le vit pas étant tout juste en train de sortir du coma, mais Darcia avait eu quelques secondes de blocage devant ses deux yeux gris. La beauté de ses yeux était un pléonasme ...La rendant très mignonne. Néanmoins il ne s’attarda pas plus sur elle, engageant la conversation afin de mieux la connaître et surtout s’assurer si tout allait bien. Il ne l’aurait certainement pas laissé repartir si jamais elle allait faire du sport ou un travail physique.

« Ah eh bien! Je vous offrirais à boire un jour! Je suis professeur de biologie à l'internat, nous nous rencontrerons surement quelques fois dans ses couloirs! Je suis heureuse de vous rencontrer. Je n’ai pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance de mes collègues, je viens de débarquer en ville, je suis assez nouvelle. »

« Ce n’est rien vous savez, tout le monde aurait pu faire ce que j’ai fait et je ne dit pas cela par modestie, surtout sur ce coup-là. Tiens, c’est une manière originale de rencontrer une future collègue de travail. Malheureusement, je ne connais pas plus de monde que vous étant également nouveau venu. »

Elle regarda sa montre et soupira. Visiblement c’était le genre de femme faisant passer son travail avant le reste, souvent occupée à courir à droite ou à gauche. Il acquiesça d’un signe de tête, sans rien dire. Après tout lui aussi connait tout ça, il pensa quelques instant à tout ce qui lui restait à faire, le changement d’adresse, prévenir sa banque, finir de décoré un minimum son appartement de fonction et peut-être en trouvé un vrai si jamais il restait un peu plus longtemps que d’habitude ici.

« Là je suppose que je vais rentrer chez moi, je dois faire quelques rangements, vous savez, à cause du déménagement. »
« Enfin, si vous avez du temps, j'ai assez de courses que pour inviter quelqu'un à manger! Bien sure je vous n'y oblige pas! Puis ma maison est un vrai désastre. »

Il se demanda pourquoi elle le regardait aussi étrangement soudainement comme si il avait dit quelque chose qui sonnait faux. Il avait l’habitude de croiser ce genre de regard étonné lorsqu’il se présentait en tant que docteur, son jeune âge et sa morphologie inhabituelle voir effrayante pour certains. On mettait en doute ses paroles jusqu’à ce qu’on le vit à l’œuvre ou en blouse blanche. Evidemment lorsqu’il se mettait à parler le jargon médical, cela sonnait déjà plus juste. Quand on aime son métier, la jeunesse comme arme, il était beaucoup plus facile de tenir le rythme soutenu de certaines journées.
L’invitation à dîner du professeur l’étonna, n’attendant pas de remerciement ni récompense particulière, mais il fut ravi d’accepter. D’une part diner en présence d’une charmante personne lui changera de la solitude de son minuscule appartement. De plus il n’était pas un cuisinier génial, tout juste honorable. Enfin il était important de nouer de bon liens entre collègues, qui plus est que les professeurs de biologie ont toujours été ceux vers lesquels il aimait se tourner (du moins lorsque ces derniers étaient cultivés) afin de discuter de différentes choses comme la botanique pour laquelle il se passionne, en particulier les plantes aux vertus thérapeutiques ou médicinale. L’un des motifs premier de ses nombreux voyages un peu partout dans le monde est de préparer sa thèse, ainsi qu’améliorer ses connaissances personnelles sur ce genre de plante bien souvent dans des contrées lointaines ou elles sont endémiques.

« J’accepte volontiers votre invitation Mademoiselle xxx. Ou et à quelle heure dois-je arriver ? »

Une fois les détails du rendez-vous pris, ils se quittèrent après avoir vérifié rapidement si elle ne risquait pas de s’évanouir de nouveau. Il lui conseilla donc de manger rapidement quelque chose et de se reposer pour l’après midi. Darcia quant à lui rentra dans son logement de fonction afin de ranger ses courses, puis partis rapidement au boulot, cette rencontre imprévue l’ayant mis en retard sur ses habitudes.
La journée se passa sans encombre, voir ses patients hospitalisés pour du moyen et court terme, puis aider le service des urgences quand ils sont surchargés et enfin remplir un peu de paperasse.
Il rentra de nouveau chez lui pour se préparer pour le diner, se douchant et préparant comme il faut. Il opta pour des vêtements à la fois décontracté et classe, pantalon noir, ceinture noir à boucle d’argent, chemise manche longue bleu marine avec le col légèrement ouvert laissant apparaitre sa chaîne en or. Il lui restait tout juste le temps de passer acheter une bouteille de vin, choisissant un bon bordeaux, avant de se diriger vers l’appartement de la jeune femme. Il était presque en retard lorsqu’il sonna à sa porte.