Là-haut [Libre]

Comme à son habitude, Taïchi sortait de la ville pour aller se balader en forêt. Il avait à cœur de se balader dans la nature, n’emportant de la civilisation uniquement son sac à dos contenant un objet très spécial que seuls ses amis connaissaient. Il marchait alors parmi les feuilles mortes sur le sol, les cailloux éparpillés un peu partout et sur la terre poussiéreuse, cassant au passage quelques branches tombées à cause du vent. Au bout de quelques minutes, il arriva devant un chemin qu’il connaissait bien, puisqu’il avait l’habitude de l’arpenter pratiquement tout les jours après son travail. Il avança alors, dû à certains endroits s’aider de ses mains car le chemin en question devenait abrupte par moments. Quand enfin Taïchi arriva à destination, il sourit. Il était désormais à son deuxième chez lui, une falaise entourée de rochers et d’arbres, surplombant toute la forêt, donnant ainsi un panorama splendide aux yeux de celui ou celle qui saurai l’apprécier.
Il enleva le sac de son dos, s’assit sur un rocher et posa le sac qui semblait un peu lourd, à côté de lui. Soufflant un grand coup et fermant les yeux pour les ouvrir au bout de quelques instants, il regarda la forêt, l’écouta, la ressentit.

‘ Enfin chez soi… ‘

Nul autre lieu ne lui faisait tant de bien, nul autre lieu ne lui offrait une telle vision. C'était son petit coin de paradis à lui, son sanctuaire à ciel ouvert.

Ce jour-là, Itarille avait besoin de prendre l'air. Nouvelle dans cette ville, elle ne connaissait pas encore les meilleurs coins. Mais ce qu'elle recherchait, c'était avant tout le calme. Que se soit au lycée, en ville ou en pensionnat, elle était constamment au centre du bruit et elle était en manque de silence. Ainsi, elle opta pour traverser la grande forêt qui bordait la ville. Au moins elle serait seule.
Les mains derrière le dos et le regard vagabondant un peu partout, elle avait l'attitude d'une gamine découvrant le monde. La vérité c'est qu'elle aimait la nature et elle se sentait revivre. Le chant des oiseaux, les crissements des feuilles, la mélodie du vent, la chorale des animaux. C'était tous ses sens qui étaient en éveil et, pour la première fois depuis son arrivée, elle put enfin se sentir pleinement chez elle. Elle renifla l'odeur du bois humide et expira profondément. Où allait-elle ? Elle l'ignorait. Elle n'était même pas inquiète à l'idée de se perdre et continuait sa route. Ses pas, lents, s'enfonçaient dans la terre et broyaient quelques écorces tombés au sol.
Le chemin commença alors à se compliquer. Vêtue d'une courte robe, Itarille réalisa qu'elle n'était pas en tenue pour faire de l'escalade mais l'envie d'aller plus loin la dévorait et elle ne pouvait retrousser chemin maintenant. S'aidant de ses mains et prenant toutes les précautions possibles, elle franchit tous les obstacles s'offrant à elle. Souriant toujours autant, elle marcha encore un peu jusqu'à sortir de la forêt. Et ce qu'elle vit alors lui coupa la respiration. Elle était en haut d'une falaise surplombant toute la forêt. C'était merveilleux, et elle sentit l'émotion la submerger. Comment aurait-elle pu imaginer qu'un endroit aussi beau existe ici ? Elle ferma un instant les yeux et inspira, remplissant son corps du vent, de cette sensation de liberté. C'était bon. Trop bon.
Alors, elle entendit un bruit devant elle et rouvrit les yeux. Son regard se posa ainsi sur un homme, positionné suffisamment à droite pour qu'elle ne l'ait pas encore remarqué.

Taïchi était si bien ici qu’il s’assit avec les bras au niveau des genoux et ferma les yeux pour respirer lentement. Le léger vent lui caressant le visage, l’odeur de l’écorce des arbres et le chant des oiseaux consistaient pour lui le bonheur dans sa plus simple définition. Au bout de quelques instants, il sentait comme un parfum se rapprocher. Ce n’était pas un parfum animal, mais bien un parfum humain. Il était doux, presque fruité. Et à en juger par l’odeur, ce devait être une jeune fille. Sans doutes une lycéenne car les collégiennes ne portent pas ce genre de parfum. Être médecin lui avait appris des tas de trucs et l’habitude de se retrouver ici en pleine nature seul avec lui-même l’avait entraîné à développer son sens olfactif. Ainsi, il n’était jamais surpris, même les yeux fermés. Alors ne bougeant pas et gardant les yeux fermés, il dit à la personne qui se trouvait maintenant qu’à quelques mètres d’elle.

‘ C’est rare de voir des personnes ici. Que viens-tu faire exactement ? Une jeune fille qui plus est… ‘

Ce que venait de dire Taïchi n’était pas dit méchamment, et on pouvait même noter comme un léger sourire dans sa voix. Il restait toujours les yeux fermés, respirant à plein poumons, pour s’imprégner de l’air de la forêt. C’était son élément de prédilection. En attendant la réponse de la jeune femme, il posa la main sur son sac à dos se trouvant toujours à ses côtés.

"‘ C’est rare de voir des personnes ici. Que viens-tu faire exactement ? Une jeune fille qui plus est… ‘"

Après la surprise de rencontrer quelqu'un ici, elle ne put s'empêcher de sourire. Elle observa un instant l'homme assis à coté d'elle. Il avait les yeux fermés, surement pour profiter de ses autres sens au contact d'une pareille nature. Elle le vit poser sa main sur son sac à dos à ses cotés. La présence de ce bagage indiquait à la jeune fille qu'il n'était pas venu par hasard. Peut-être connaissait-il cet endroit. Si c'était le cas, elle comprenait sans peine qu'il vienne se ressourcer ici.
Souriant de plus belle, la jeune fille alla s'asseoir près du garçon qui, surpris, rouvrit les yeux pour la regarder.

" Je cherchais juste un endroit où être au calme, où me ressourcer... Je suis arrivée ici par hasard... C'est vraiment magnifique... C'est comme si ciel et terre ne faisait qu'un ici. Comme si on ne faisait qu'un avec la nature... "

Il semblait perdu dans les yeux bleus de la jeune fille. Ils se fixaient en silence, partageant cet agréable moment de liberté.

N’ouvrant pas les yeux, il sentit la jeune femme s’asseoir à ses côtés. Il tourna alors la tête et ouvrit les yeux pour la voir. Et il avait visé en plein dans le mille. C’était une jeune femme qui peut vraiment être lycéenne, très jeune et souriante. Il retourna alors la tête et referma les yeux pour mieux entrer en communion avec la nature. Il oublia alors quelques instants la jeune femme et écoutait tout les bruits alentours. Les sauterelles, le bruits des feuilles se frottant entre elles au gré du vent. Puis, il se ‘réveilla’ et ouvrit les yeux pour de bons, toujours en regardant droit devant lui, admirant le sommet des arbres danser au rythme du vent.

‘ Je suis bien d’accord avec toi. Je viens tout le temps ici dès que j’ai un moment de libre. Ici il n’y a pas de pollution, pas de bruits, pas d’autres personnes, pas de voitures, bref rien de la civilisation. C’est pour ça que j’aime venir ici ! ‘

Puis il prit son sac à dos sur ses genoux et l’ouvrit. Il en sortit alors sa tronçonneuse, puis reposa le sac à côté de lui, gardant l’objet sur ses genoux. Il passa alors une main dessus et sourit. Elle ne le quittait jamais et l’avait toujours avec lui quoi qu’il arrive.

‘ Poupinette… ‘

Itarille étouffa un cri entre ses lèvres en voyant l'homme sortir une tronçonneuse de son sac. Pendant quelques instants, elle se cru l'héroïne d'un film d'horreur, c'est-à-dire celle qui ne survit pas à la fin. Le visage déformé par la surprise et la peur, elle cherchait une réponse sur le visage du jeune homme. Celui-ci en revanche souriait naturellement en regardant l'objet du crime. Il semblait même éprouver une certaine affection pour cette tronçonneuse et Itarille ne put retenir un hoquet de surprise. A part sa peluche préférée et son porte-bonheur, elle ne s'était jamais comportée ainsi avec un objet, encore moins de ce type là.
Nerveusement, la jeune fille se força donc à sourire et, essayant de prendre un air rassuré, interrogea directement l'homme devenu suspect à ses yeux :

" Une tronçonneuse ? Je... je peux savoir son utilité ? J'veux dire qu'est-ce qu'elle représente ? Parce que là ça me fout un peu la frousse si vous voulez et je commence à m'imaginer en train de me faire découper et c'est fort peu agréable. "

Elle se rendit vite compte de l'ironie dans ses paroles mais elle n'avait pas vraiment réfléchit en les prononçant. Elle voulait une réponse à ses interrogations. Psychopathe ou mystérieuse histoire ?

En voyant la jeune femme littéralement apeurée, Taïchi sourit et rangea alors Poupinette dans son sac à dos, la cachant de la vue de la jeune femme. Ne voulant pas qu’elle prenne peur ou le prenne pour un fou, il posa même le sac par terre à côté du rocher où ils étaient. Il pouffa un peu et regarda la jeune femme, affichant un sourire montrant qu’il n’était pas fou.

‘ Surtout n’ai pas peur. Je ne suis pas un fou ou un tueur. C’est juste que j’ai cette tronçonneuse depuis mon arrivée en ville et qu’avec elle et bien j’ai fait des choses. Purement légale je précise. En fait je suis un des rares pratiquants d’un art martial utilisant cet objet. Insolite n’est-ce pas ? ‘

Regardant de nouveau l’horizon, il respira et put admirer le vol d’un aigle et entendit même son cri avant qu’il ne fonde en direction de la terre. Il venait de trouver une proie. Regardant de nouveau la jeune femme.

‘ Ah oui, je m’appelle Taïchi. Mais tu peux m’appeler Taï, c’est plus court et plus facile pour se souvenir. Je suis médecin en ville ‘

" Surtout n’ai pas peur. Je ne suis pas un fou ou un tueur. C’est juste que j’ai cette tronçonneuse depuis mon arrivée en ville et qu’avec elle et bien j’ai fait des choses. Purement légale je précise. En fait je suis un des rares pratiquants d’un art martial utilisant cet objet. Insolite n’est-ce pas ? ‘"

Elle sourit. Rassurée ou amusée de sa réaction, elle ne saurait le dire mais en y réfléchissant, il était un peu précipité d'accuser cet homme de psychopathe.

"Ah oui, je m’appelle Taïchi. Mais tu peux m’appeler Taï, c’est plus court et plus facile pour se souvenir. Je suis médecin en ville ‘"

Elle étouffa un léger rire lorsqu'il lui donna sa profession. Un médecin possédant une tronçonneuse, c'était définitivement peu banal en effet. Elle sourit puis soupira, reportant son attention sur le paysage. C'était tellement merveilleux que cette fois, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Le soleil l'éblouissait légèrement et elle fut vite obligé de mettre sa main en visière au dessus de son front pour pouvoir continuer d'observer cet incroyable spectacle.

" Je suis Itarille Hoshizora, je suis encore lycéenne bien que je travaille le week-end pour me payer mes études. Comme je suis nouvelle dans cette ville, je n'ai pas encore eu l'occasion de me faire soigner mais en tout cas à la prochaine occasion, je saurai quel médecin choisir. "

Taïchi sourit à la jeune fille quand elle se présenta. Lycéenne et elle travaille à côté de ses études ? Quel sérieux… En entendant ça, ça lui rappelle sa jeunesse d’étudiant à lui quand il bossait pendant toutes les vacances et aussi les week-ends pour payer ses cours. Que de bons souvenirs. C’est tout le temps dans les petits boulots que tu te marre le plus, mais aussi que tu es triste quand c’est le dernier jour et que tu t’en va pour faire autre chose. Il s’adressa alors à la jeune femme.

‘ Et bien enchanté Itarille ! Ravi de te rencontrer. J’ai quelques petites questions. Evidemment tu n’es pas obligée d’y répondre, mais je me demandais : tu fait tes études dans quoi ? Et aussi, tu bosses dans quoi tes week-ends ? ‘

Taïchi était flatté d’avoir entendu ce qu’Itarille avait dit quand elle disait qu’elle le choisirai lui comme médecin. C’était amusant. Il sentait que tout les deux allaient bien s’entendre mine de rien. Ils aiment la nature, les endroits calmes. Et c’est déjà un bon début ! Il sortit de son sac à dos, mais d’une autre poche, deux canettes. Il en tendit une à Itarille pendant que lui ouvrait la sienne d’une main.

‘ Tiens si tu as soif. C’est frais, profites-en ! ‘

"Tiens si tu as soif. C’est frais, profites-en !"

Saisissant la canette qu'il lui tendait, elle le remercia d'un sourire et entreprit d'ouvrir la boisson avant d'en avaler rapidement quelques gorgées. Elle mourrait de soif. Elle avait en effet pas mal marcher pour arriver jusqu'ici et ne pensant pas faire une promenade aussi longue, elle n'avait en rien prévu tout l'équipement pourtant nécessaire. Une fois le liquide frais ayant rafraichit son organisme, elle se tourna de nouveau vers son interlocuteur dans l'optique de répondre à ses interrogations.

" Je suis encore lycéenne en pensionnat mais ma mère vit en Angleterre, du coup, je dois payer l'année complète en comptant les week-ends et les vacances scolaires. Ma mère est actrice, Lena Hoshizora, je ne pense pas qu'elle soit très connu au Japon comparé à l'Occident mais vous avez peut-être déjà entendu son nom. En tout cas, je vous laisse deviner que payer mon éducation comme le pensionnat ne lui pose pas réellement de problèmes mais quitte à être à l'autre bout du monde, je souhaite réussir à bénéficier d'une certaine autonomie financière. Après tout, il est hors de question qu'elle me couve toute ma vie. "

Elle s'interrompit, d'abord pour prendre son souffle mais également afin de chercher les mots justes pour la suite de la conversation. Dans quoi travaillait-t-elle ? Était-il mal vu dans cette ville d'annoncer que l'on est stripteaseuse ? Quoi qu'il en soit, elle venait déjà de son confier drôlement pour une première discussion avec un inconnu et peut-être était-il préférable qu'elle garde pour elle certains détails.

" Le week-end je travaille comme danseuse le soir. Ce n'est pas réellement ce que je rêve de faire de ma vie mais, l'ambiance y est fort agréable, c'est plutôt bien payé et c'est fort amusant dans le sens où ça me permet de goûter à de nouvelles choses, de découvrir de nouvelles expériences. Mais du coup, après une semaine de cours et un week-end plutôt éprouvant, c'est toujours un vrai bonheur lorsque je peux profiter d'un moment libre pour venir me ressourcer dans un endroit tel que celui-là. "

Elle soupira. Soupir de bonheur face au sentiment de légèreté que lui procurait le vent en caressant son visage, en fouettant ses cheveux. C'était si beau que c'était comme un autre monde et la vie dont elle venait de parler lui semblait bien loin à présent. Buvant un nouvelle gorgée de sa boisson, elle afficha un nouveau sourire avant de demander :

" Si c'est pas trop indiscret, je me demandais quel âge est-ce que vous avez ? Vous me semblez bien jeune pour être médecin.... "

Légèrement gênée mais poussée par sa curiosité, elle ne le regarda pas dans les yeux, fixant l'horizon et guettant son éventuel réponse.

Taïchi écoutait attentivement ce qu’Itarille lui disait. Sa mère actrice ? En y réfléchissant bien, il ne serai pas impossible que Taïchi ai déjà vu un film avec elle. Quel héritage donc une mère actrice. Mais ça devait aussi être un poids en quelque sorte pour Itarille. Sans doutes pour ça qu’elle est venu étudier au japon plutôt que de rester en Angleterre. Ah l’Angleterre… Il y était né lui aussi et ses parents y habitent encore. C’est vraiment sympa de voir une compatriote ici. Et quelle coïncidence qui plus est. Buvant une gorgée de sa canette, Taïchi se demandait de quel coin de l’Angleterre elle pouvait bien venir.

‘ Donc tu vient d’Angleterre ? Il se trouve que moi aussi. Mes parents y habitent encore en plus. Mais je comprend ton besoin d’autonomie financière. C’est toujours plus valorisant de se dire que nous gagnons nous-même notre propre argent plutôt que se dire que tout nous est offert. Ça n’a pas le même goût je trouve ‘

Puis il bu une seconde gorgée de sa canette et un petit coup de vent vint lui caresser le visage, faisant voler un peu ses cheveux ainsi que ceux d’Itarille. Grand dieu que ce vent était le bienvenu. Couplé avec la boisson fraîche, c’était vraiment génial. Puis il se retourna à nouveau vers Itarille.

‘ Danseuse ? C’est bien ça ! Du moment que ça te plaît, je souhaite que tu réussisse. Mais tu danses où en fait ? Dans un cabaret ou un piano bar ? Mais dans tout les cas, puisque tu as l’air d’aimer cet endroit, tu seras toujours la bienvenue. Je sais que ce n’est pas chez moi, mais c’est mon endroit fétiche, alors j’ai eu le réflexe de te dire ça. Sinon ce n’est pas indiscret de te dire mon âge, j’ai 22 ans ‘

"Donc tu vient d’Angleterre ? Il se trouve que moi aussi. Mes parents y habitent encore en plus. Mais je comprend ton besoin d’autonomie financière. C’est toujours plus valorisant de se dire que nous gagnons nous-même notre propre argent plutôt que se dire que tout nous est offert. Ça n’a pas le même goût je trouve."

Elle fut d'abord surprise par cette réponse. Agréablement surprise. Lui aussi avait donc des racines anglaises et sa famille vivant à l'autre bout du monde. Sa famille, ses deux parents. Elle soupira. Il comprenait ce qu'elle ressentait vis-à-vis de son besoin d'autonomie, ce qui était plutôt rare car elle n'arrivait jamais vraiment à expliquer ses pensées, à décrire ses sentiments et ses besoins.

"Danseuse ? C’est bien ça ! Du moment que ça te plaît, je souhaite que tu réussisse. Mais tu danses où en fait ? Dans un cabaret ou un piano bar ? Mais dans tout les cas, puisque tu as l’air d’aimer cet endroit, tu seras toujours la bienvenue. Je sais que ce n’est pas chez moi, mais c’est mon endroit fétiche, alors j’ai eu le réflexe de te dire ça. Sinon ce n’est pas indiscret de te dire mon âge, j’ai 22 ans"

Elle sourit de nouveau. Peut-être ne servait-il à rien de ne pas être totalement honnête avec lui ? Il semblait être quelqu'un de bien, mature pour son âge et Itarille n'avait pas l'impression qu'il se permettait de juger les gens sans raisons valables.

" Merci. Cet endroit est magnifique et je compte bien y revenir mais je suis contente de savoir que ma compagnie, si nous devions nous recroiser, ne te dérangerait pas."

Elle s'interrompit, chercha ses mots puis continua :

" C'est donc bien ce que je pensais, 22 ans, tu es plutôt jeune pour être médecin, tu dois être sacrément doué."

Elle lui adressa un sourire complice puis détourna le regard, reposant ses yeux sur la forêt qui s'étendait devant eux. Alors, elle entreprit de répondre à la première interrogation du jeune homme, appréhendant sérieusement sa réaction.

" Je travaille dans une boîte de danseuse en réalité. Je suis, ce qu'on appelle plus couramment, une stripteaseuse. "

Elle se pinça les lèvres et baissa légèrement la tête, s'interrogeant sur ce que lui pensait à présent. Elle espérait que l'avis qu'il avait sur elle ne serait pas compromis par cette nouvelle. Après tout, ce n'était qu'un métier lui permettant de gagner sa vie en attendant qu'elle soit majeur, il pouvait surement le comprendre.

Taïchi écouta toujours Itarille avec attention. Elle avait l’air étonné qu’il soit déjà médecin à 22 ans et lui répondit alors qu’il devait être sacrement doué. Taïchi lui répondit alors un peu gêné qu’il avait juste bosser comme un dingue pour faire le métier qu’il voulait. Soigner, aider des gens avait toujours été sa passion donc devenir médecin était une suite logique dans sa vision des choses. Continuant de boire sa canette, il regarda de nouveau l’horizon, voyant des petits oiseaux voler librement, jouant entre eux. Taïchi répondit à Itarille qu’en effet il serai content de la voir ici car ce serai égoïste d’être le seul à pouvoir profiter du paradis. Quand la jeune fille lui dit qu’en fait elle était strip-teaseuse, elle semblait gênée, voire quelque peu honteuse. Certes Taïchi fut étonné de voir qu’une jeune fille si jeune pratiquait déjà ce type de métier. Et puis à quoi bon ? Si elle voulait le faire, c’est son choix.

‘ Pourquoi tu fait cette tête-là ? Je ne vais pas sortir ma tronçonneuse et te découper en morceaux tu sais ! Tu es strip-teaseuse d’accord, mais après tout c’est un métier comme un autre ! Bon d’accord c’est un peu spécial, mais je vais pas te juger et me dire que tu es une prostituée tout ça parce que tu peux danser nue devant des clients ! ‘

Il lui mit alors une main dans le dos et le lui caressa, tout en souriant. Il voulait la rassurer et lui montrer que malgré le fait qu’il ne se connaissent que depuis quelques temps, il n’allait pas se foutre d’elle et Itarille pourrait lui faire confiance, que si elle le voulait, il ne dirai rien à personne.

Itarille fut d'abord surprise, voire émue de la manière dont le jeune homme parlait de son métier. C'était toujours si agréable d'entendre un passionné parler de ce qu'il aimait et elle était sincèrement heureuse pour lui qu'il ait réussit dans cette voie. Il était d'une gentillesse rare et elle se retrouvait dans chacune de ses paroles. Elle qui n'aimait pas parler d'elle, elle avait envie de se confier à lui, comme s'il dégageait un aura de bienveillance. D'ailleurs, la gène qu'elle pouvait ressentir disparu aussitôt lorsqu'il lui répondit qu'après tout c'était son choix et un métier comme un autre. Il tenta même de la réconforter, de lui donner confiance, en lui caressant le dos de manière affective. Décidément, elle avait une chance inouïe de tomber sur quelqu'un comme lui et pas un seul instant, elle ne regretta sa petite escapade.

" Merci. Quand je leur parle de ma profession, les gens ont toujours tendance à me juger ou alors lorsque se sont des mecs, ils s'empressent toujours de me demander l'adresse de la boîte et des précisions sur mon métier. Je suis contente de voir qu'il y a encore des garçons qui font exceptions à la règle. "

Elle plissa légèrement les yeux et lui sourit amicalement. Alors, elle bu une énième gorgée de sa boisson, son regard posé sur un aigle parcourant le ciel. Elle avait toujours été fasciné par ces animaux, si majestueux et légendaires, inspirant calme et liberté. D'ici, elle pouvait les admirer sans peine dans leur propre univers et goûter comme eux, au plaisir de cette nature encore préservée.

" Alors dis-moi qu'est-ce qui t'amènes au Japon ? L'Angleterre est pourtant un pays qui ne manque pas de charme. "

Elle lui sourit pour l'inviter à lui répondre seulement si il en avait envie. Elle était suffisamment bien placer pour savoir que le passé de certaines personnes était parfois lourd et intime et elle comprendrait s'il ne souhaitait pas partager certains aspects de sa vie avec elle. Elle, une inconnue qu'il venait juste de rencontrer et avec qui, pourtant, il s'était montré d'une grande générosité et d'une grande gentillesse.

Taïchi écoutait la jeune Itarille parler avec une infinie délicatesse et une certaine réserve sur les aléas de son métiers. Il est vrai qu’une jeune femme, qui plus est jolie, qui travaille là-dedans, ça doit en émuler certains. Mais de là à avoir de telles réactions, faisait soupirer Taïchi tellement il trouvait ça pathétique. Ces ados… Toujours les hormones, après le cerveau. Buvant une gorgée de sa canette, il chercha comment expliquer son point de vue à Itarille au sujet du fait qu’elle soit strip-teaseuse. Il se gratta ensuite la joue et trouva enfin comment lui expliquer son point de vue sur la situation.

‘ Et bien vois-tu, je suis vraiment déçu de la réaction de tes camarades ! Mais merde tu es une jeune femme, pas un objet ! Ce que je vais te dire va sans doute te faire marrer, mais en aucun cas tu devra le prendre mal d’accord ? Je ne vais pas venir te voir à ton travail. De un parce que fréquenter ce genre d’endroits ne me plaît pas du tout, et de deux j’aime pas voir mes comparses masculins baver comme des chiens affamés devant une jeune fille qui danse… ‘

Avait-il finalement dit. Il attendait un peu sa réaction en espérant qu’elle ne le prendrai surtout pas mal. Car ce serai bien dommage finalement. Alors pour changer rapidement de sujet tout en attendant sa réponse, il opta pour le fait de répondre à sa deuxième question. Pourquoi venir au japon alors que l’Angleterre est si belle ? Ah très bonne question en effet. Son Angleterre natale lui manque bien évidemment, mais si il a décidé de s’expatrier c’est pour une raison bien particulière. Et finalement assez cocasse quand on y pense. Merci encore une fois Papa !

‘ Et bien tu me promet de ne pas rire d’accord ? Si je suis venu ici c’est suite à un pari que j’ai perdu avec mon père. Il m’a dit : « Fils ! Si tu finit pas ton riz, tu devra aller au japon ! » et bien entendu je n’ai pas fini mon riz… Tu sais tout… ‘

"Et bien vois-tu, je suis vraiment déçu de la réaction de tes camarades ! Mais merde tu es une jeune femme, pas un objet ! Ce que je vais te dire va sans doute te faire marrer, mais en aucun cas tu devra le prendre mal d’accord ? Je ne vais pas venir te voir à ton travail. De un parce que fréquenter ce genre d’endroits ne me plaît pas du tout, et de deux j’aime pas voir mes comparses masculins baver comme des chiens affamés devant une jeune fille qui danse…"

Elle baissa la tête à la fois embarrassée et émue par cette réponse. Rare étaient les hommes aussi jeunes qui respectaient autant les femmes, en particulier les stripteaseuses. Les préjugés étaient trop ancrés dans les esprits de nos jours. C'était d'ailleurs, pour cette raison, des paroles agréables à entendre car même si certaines pensaient la même chose, ils n'osaient jamais l'exprimer aussi honnêtement. Et c'est ce qui plu à Itarille. La jeune blonde était sous le charme de ce jeune homme qu'elle venait de rencontrer mais qui ne cessé de la surprendre.

"Et bien tu me promet de ne pas rire d’accord ? Si je suis venu ici c’est suite à un pari que j’ai perdu avec mon père. Il m’a dit : « Fils ! Si tu finit pas ton riz, tu devra aller au japon ! » et bien entendu je n’ai pas fini mon riz… Tu sais tout…"

Elle fut d'abord perplexe puis, voyant qu'il était totalement sérieux, elle éclata de rire. D'un rire sonnant comme une douce mélodie. Les yeux plissés, elle ne pouvait se retenir. Décidément, elle avait bien qualifié ce jeune garçon. Surprenant. Oui, il était incroyable. Lorsqu'elle se calma enfin, la jeune blonde du s'essuyer une larme qui avait franchit la barrière de ses yeux. Elle tourna alors son regard vers Taïchi espérant que son rire ne l'avait pas offensé. Il n'y paraissait pas. Alors, elle posa une question, qu'elle regretta aussitôt :

" Vous avez l'air très complice avec ton père. "

Elle se tue, se mordant la lèvre. Elle aussi était très proche et très complice avec son père. Était. Puisqu'il n'était plus là maintenant. Elle soupira, s'enfonçant les ongles dans la paume pour se forcer à ne pas se laisser aller. D'ailleurs, il ne lui fallu que quelques secondes pour se calmer et afficher de nouveau son sourire charmeur. Comme si elle n'y avait jamais pensé, elle refoulait cette information dans un coin de son cerveau. Elle ressortirait bien plus tard quand celle-ci sera seule et qu'elle pourra craquer. Mais pas encore. Ce n'était pas le bon moment. Non. Pas encore.

Quand Itarille se mit à rire de bon coeur, Taïchi ne pouvait lui en vouloir. D'ailleurs, il rigola avec elle car mine de rien, c'était drôle comme raison pour s'expatrier. Puis il rigolait aussi car même si Itarille affichait un sourire radieux, elle était le parfait exemple de la jeune fille qui ne sourie qu'en façade. Taïchi était près à parier son caleçon qu'en fait elle était super triste. Et bien sûr quand elle lui posa la question pour savoir si il était proche avec son père, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire comme un benet.

' Si je suis proche avec mon père? Ahlala si tu savais! Il est bien plus qu'un simple père. Depuis que je suis né, c'est lui qui m'a appris mes premières conneries et qui m'en apprend de nouvelles quand il en voit une. Nous sommes comme des potes, de véritables gamins! Mais bien entendu, on se dit tout aussi. Nous avons nos moments rien qu'à nous où même ma mère ne peut pas venir. Et je suis heureux aussi car il a sû me montrer qu'il était fier de moi quand j'ai choisis ma vocation de médecin. Il a toujours été là près de moi et il m'a même appris à faire mes lacets! '

Dit-il alors en levant l'index, montrant que même si ce dernier bout de phrase venait comme une cheveux sur la soupe, ça avait toute son importance pour Taïchi. Il bu alors une nouvelle gorgée de son soda et regarda Itarille en souriant. Elle devait se demander comment un gamin comme ça a pû devenir médecin alors que sa vie elle-même est basée sur un pari. Stupide qui plus est!

" Si je suis proche avec mon père? Ahlala si tu savais! Il est bien plus qu'un simple père. Depuis que je suis né, c'est lui qui m'a appris mes premières conneries et qui m'en apprend de nouvelles quand il en voit une. Nous sommes comme des potes, de véritables gamins! Mais bien entendu, on se dit tout aussi. Nous avons nos moments rien qu'à nous où même ma mère ne peut pas venir. Et je suis heureux aussi car il a sû me montrer qu'il était fier de moi quand j'ai choisis ma vocation de médecin. Il a toujours été là près de moi et il m'a même appris à faire mes lacets! "

Malgré la douleur que ces mots lui provoquaient, la jeune fille ne put retenir un nouvel éclat de rire, cachant ainsi sa peine avant qu'elle ne se trahisse par les traits de son visage. Ce garçon était vraiment différent, respirant la joie de vivre. Sa compagnie en était d'autant plus agréable. Elle souriait honnêtement cette fois, émue par la relation que celui-ci entretenait avec son père. Ce lien, elle ne le connaissait que trop bien. C'est une complicité impossible de retrouver en amitié ,qui restera toujours unique.

" Je trouve ça génial que ça se passe comme ça malgré la distance qui vous sépare maintenant... En fait c'est à la fois ton père, ton frère et ton meilleur ami. Je trouve que c'est une relation merveilleuse et tu as beaucoup de chance alors surtout profite de chaque moment que tu peux passer avec lui. "

Elle lui adressa un faible sourire puis détourna son regard qui se perdit au loin. Tellement de souvenirs voulaient remonter mais elle n'était pas encore capable de se les remémorer sans que les larmes lui montent aux yeux. Le vent s'intensifia et vint claquer sur ses joues. Elle aimait cette sensation de légèreté évoquant la liberté. Inspirant, Itarille s'adressa de nouveau à son interlocuteur :

" Tu sais je t'admire pour être devenu médecin. Sauver des vies, c'est surement le plus beau métier du monde. Mais ça doit également être difficile mentalement car il y a des maladies ou des blessures qu'on ne peut pas guérir... "

Elle s'arrêta, ne ressentant nul besoin de finir sa phrase. Elle ne voulait pas détruire l'ambiance avec ses idées noires. Il était préférable qu'elle se taise un moment, le temps qu'un réel sourire reprenne place sur son beau visage.

Taïchi écoutait attentivement Itarille et plus il le faisait, plus il sentait de la tristesse dans sa voix. Comme si elle savait de quoi elle parlait. Comme si elle avait déjà ressenti de la douleur via la perte d'un proche ou alors la souffrance que l'on peut ressentir quand un proche est bien trop loin. Il sentait aussi que si il continuait de parler de son père, elle allait éclater en sanglot. Il se retourna alors vers la jeune fille, se tourna face à elle et lui prit la main en lui souriant pour lui montrer qu'il était quelqu'un de gentil et près à être là pour elle. Même si elle allait être triste, il se devait de lui dire que médecin était un métier passionnant, mais qu'il apportait aussi son lot de tristesse.

' Tu sais, si j'ai choisi d'être médecin, c'est bien pour sauver des vies. Je n'ai pas fait ça pour le prestige ou la gloire. Très peu pour moi. Quand j'était petit, j'ai vu mon oncle mourir à cause d'une erreur d'un médecin. Alors depuis, j'ai décidé d'être médecin pour en quelque sorte rendre hommage à mon oncle et essayer de racheter la faute de l'autre incompétent. Et j'en ai sauvé oui quelques vies. Et malheureusement y'en a que je n'ai pas pû malheureusement... Certains de mes patients sont morts, non pas par ma faute, mais parce que leurs proches ou bien les patients eux-mêmes refusaient tout traitement. J'aurai pû les sauver, mais ils ne le voulaient pas. Alors être médecin apporte aussi son lot de frustration. Cependant, voir des enfants nous apporter de jolis dessins parce qu'ils sont content d'être guéri et d'être en bonne santé, ça me permet de mieux dormir le soir '