Rencontre fortuite [pv Kazumi Shirage]

Une fois par semaine, en plus de son statut de pensionnaire, Gunther Von Schröder s’autorisait une sortie en ville où il pouvait se dégourdir, se promenant dans des rues larges et animées. L’adolescent se rendait quotidiennement au supermarché pour garnir son stock de friandises, fruits et autres sodas ; c’est pourquoi il emprunta une allée escarpée qui assurait la liaison entre le magasin isolé et le centre ville grouillant de badauds et de circulation. Le lycéen fût presque soulagé de quitter la pollution et la cacophonie qui régnait dans les artères urbaines. Le silence se faisait progressivement et accompagnait ses pas, lents et réguliers. Au cours de sa marche solitaire, distrait, il comptait l’argent qui restait dans son portefeuille qui faisait plutôt grise mine comme à chaque fin de semaine. Avec une grimace qui tenait de la lassitude, le jeune homme aperçut enfin la devanture des lieux, assez sobres mais décorés d’un immense logo à l’effigie du supermarché. Gunther se dirigea prestement vers les portes qui coulissaient automatiquement, évitant les caddies – il avait pris un petit sac brun dont il se servait ordinairement pour son quatre heures.

Il se dirigea vers les étales avec envie, un air décontracté voûtait légèrement ses épaules alors qu’un sourire en coin assiégeait ses lèvres. L’adolescent céda tantôt à des brioches tantôt à des kiwis et son sachet se remplissait à une vitesse alarmante survivant tout de même à ses économies présentes, sans que la marge lui permette quelques autres fantaisies. Un paquet de chips plus tard et le jeune homme se trouvait à engrosser une queue qui était énorme, pour des raisons qui lui échappaient, les caisses qui se trouvaient à gauche et à droite restait close. « Un manque de personnels ? » pensa Gunther, toujours est-il qu’excédé comme le lycéen l’était, il cherchait une personne à qui faire la conversation pendant que la queue s’amenuisait à la vitesse d’une limace handicapée. L’occasion lui fût donné de tuer le temps quelques minutes plus tard quand une cliente assez chargée en plus de son caddie, archétype de la femme au foyer, vint compléter la chaîne, constituant le dernier maillon, juste après Gunther.

-Bonjour madame, vous permettez que je vous aide à porter tout cela ?

Jour de course aujourd'hui. Kazumi arpentait les allées de ce supermarché qu'elle connaissait comme sa poche pour l'avoir exploré en long en large et en travers. Il allait falloir pas mal de choses dans le caddie, son mari avait invité plusieurs de ses collègues à la maison. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas cuisiné pour plus de cinq personnes. Légumes, viandes, laitages, il fallait allier le quotidien en plus du dîner d'affaire.

Elle poussa un petit soupir en s'apercevant que le caddie, de taille standard, ne contiendrait pas les bricks de lait et d'eau. Aussi elle du en prendre un à la main tout en poussant le caddie vers la sortie. Mais à sa grande surprise, il n'y avait qu'une caisse d'ouverte. La file d'attente s'étirait et elle en aurait pour pas mal de temps visiblement. Un jeune homme devant elle lui proposa de l'aider. Elle redressa la tête, un peu surprise mais charmée.

"Hihi...c'est bien aimable à vous...le pack de lait est un peu lourd...La jeunesse c'est précieux...D'habitude, les caisses sont toutes ouvertes, je ne sais pas trop ce qui se passe..."

Il devait avoir entre 16 et 19 ans, à l'age des premiers émois. C'était mignon.

Le caddie était surchargé d’aliments comme si son contenu était destiné à un grand banquet. La jeune femme qui se tenait au gouvernail du chariot paraissait exténué, une décontraction dans sa manière d’appréhender les lieux indiquait néanmoins qu’elle était une habituée de ce supermarché. Des cheveux blonds vénitiens, quelque peu éméchés, encadraient son visage enjôleur alors qu’elle s’approchait du jeune homme avec lenteur, réalisant la longueur de la file d’attente. Un soupir s’échappa des lèvres incarnates de la ménagère, se confrontant à l’étendue de la chaîne, au contact du jeune Von Schröder. Quand ce dernier lui proposa son aide et sa fraîcheur juvénile, la cliente fût dans un premier temps survie et ses traits exprimèrent l’étonnement. Bien vite, heureusement, son visage harmonieux s’éclaira de ravissement et intima un remerciement et un état des évènements. Le jeune lycéen lui sourit en silence, débarrassant son aînée des packs de lait qui l’entravaient.

« Ce n’est rien, c’est normal. Donnez-moi vite ces packs… Si la jeunesse est précieuse alors vous l’êtes aussi à juste titre. Je ne sais pas, peut-être un manque de personnels ?

Le jeune homme s’interrompit quelques minutes, progressant lentement dans la file, puis poursuivit ;

« Vous avez raison ces packs sont beaucoup trop lourds pour vous, madame. Je vous en prie, passez devant moi… Si vous le souhaitez, je peux vous porter le lait jusqu’au coffre de votre voiture ? »

Elle sourit pleinement quand il lui fît ce petit compliment a demi dissimulé. Il était gentil, serviable, ça tranchait avec les jeunes moyens qui était plutôt à fond dans leurs petites occupations, leur musique, leur film, leurs copains. Kazumi n'était plus vraiment une jeune fille et ces années étaient loin derrière elle, mais elle aimait bien converser avec les jeunes.

"Vous êtes bien aimable. En fait je n'ai pas de voiture, je n'habite pas très loin d'ici..." dit-elle, avançant au fur et à mesure. A ce train là, il y en avait pour une bonne vingtaine de minutes avant qu'elle et son jeune interlocuteur ne passe. Au moment où elle se faisait cette réfléxion, la caisse à coté ouvrit et la caissière invita quelques personnes de la caisse à passer de son coté. Elle se retrouvait ainsi en troisième position. Cela allait aller beaucoup plus vite.

"Hum...Si vous n'êtes pas pressé et que vous venez jusque chez moi, je peut vous faire un thé, histoire de vous remercier...euh je ne sais pas comment je dois vous appeler. Je m'apelle Kazumi...."

Le jeune homme avait gratifié la demoiselle de quelques compliments auxquelles elle répondit par un sourire étincelant et complet. Une sympathie naissait entre les deux clients du supermarché qui s’échangeaient quelques politesses et autres plaisanteries, en attendant de passer à la caisse encombrée. La jeune femme répondit ensuite à sa proposition de l’accompagner jusque sa voiture, afin de la soulager du poids de ses courses, en l’informant qu’elle n’habitait pas très loin et par conséquent n’avait pas amené sa voiture. Avant que Gunther ne puisse réagir à la situation, une nouvelle caisse s’ouvrit et désemplissait significativement la première permettant au lycéen et la jeune femme d’approcher de la sortie. Gunther ouvrit la bouche et fut interrompu pour la seconde fois quand la ménagère l’invita à passer chez elle prendre un thé.

« Avec plaisir. Je m’appelle Gunther, je suis au lycée de la ville en dernière année. »

Kazumi pût enfin payer les achats qu’elle venait d’effectuer, et l’adolescent ne tarda pas à la rejoindre en reprenant les packs de laits. Tous deux sortirent enfin du magasin, partageant les courses de la demoiselle dans différents plastiques qu’ils se partagèrent, Gunther mettant les siens dans le sac à dos qu’il portait ce jour-là. Chargés comme des mules, le binôme s’éloigna lentement du milieu de distribution guidé par la ménagère qui lui indiqua le chemin à prendre chaque fois qu’une bifurcation s’offrait à eux.

« Alors sinon, vous faîtes quoi dans la vie ? Vous faites du sport parce que vous tenez une forme olympique pour faire ce genre de trajet si chargé ? »

Les questions s’enchainaient au même rythme que les réponses qu’il recevait.

Le trajet serait de courte durée, elle habitait à dix minutes du supermarché. Les bras chargés, elle marchait droit devant elle, indiquant au fur et à mesure.

"Moi du sport ? Hum...non, je n'en fais pas. A moins que l'on puisse considérer les tâches ménagères comme un sport. Je m'occupe de la maison pendant que mon mari est au travail. C'est déjà un emploi à plein temps, je vous prie de croire. Même si je n'ai pas d'enfants, cela nécessite pas mal d'énergie, mais j'en ai à revendre..."

Ils étaient arrivés à destination. Kazumi poussa un petit portail et pénétra dans la cour parsemée de gravats de la maison, après avoir invité le lycéen à entrer.

Spoiler:

La maison était calme, de toute façon, il ne pouvait en être autrement. Mis à part Spy, le chat blanc et noir qui paressait sur le canapé, il n'y avait personne. Son mari n'allait pas rentrer avant plusieurs heures de toute façons.

"Je vous en prie, laissez cela là et asseyez vous. Je met l'eau à chauffer." dit-elle, en versant l'eau dans une bouilloire. Elle mit un feu doux, elle prévoyait de prendre une douche et de se changer en vitesse.

"Je vous laisse quelques minutes, je vais prendre une douche. Vous pouvez vous laver les mains si vous le désirez. C'est au premier pour les toilettes. Je reviens vite..." dit-elle en souriant, prenant la direction de la salle de bains qui se trouvait à l'étage, en face de la porte des toilettes. Elle repoussa la porte, sans la fermer complètement. Après tout, elle n'en avais pas pour très longtemps. La brume commença à l'entourer alors qu'elle se savonnait.

Le jeune homme suivait son hôtesse en silence, écoutant les réponses qu’elle lui fournissait. Bientôt, ils arrivèrent devant une bâtisse élégamment décoré de verdure. Les murs étaient roses et des plantes grimpaient sur la façade. L’adolescent pénétra dans une immense cour jonché de gravillons, monta de petits escaliers d’apparats et attendit sous le porche. La résidente des lieux déverrouilla la porte et l’invita à prendre possession de la maison. Un silence inébranlable couvrait les lieux, un immobilisme régnait en maître et même le chat prestement allongé sur le canapé ne faisait aucun bruit.

« C’est une maison bien entretenue, en effet. Je veux bien croire qu’il fasse beaucoup d’énergies pour s’en occuper aussi impeccablement. »

Se débarrassant des sacs surchargés dans un coin de la pièce, Gunther s’assit à la table et jeta un œil à la bouilloire qui ne tarderait à fumer à gros bouillons. Les flammes dansaient sous l’élément cuivré, léchant son pourtour avec une intensité assez faible. Pendant ce temps, la ménagère s’éclipsa à la douche juste après lui avoir proposé de se laver les mains au premier étage et lui avoir demandé de patienter quelque temps. Le jouvenceau suivit son hôtesse dans les escaliers et prit la direction inverse de la demoiselle c'est-à-dire vers les toilettes, actionnant le robinet et savonnant ses mains, le lycéen se regardait dans le miroir qui encadrait le lavabo. Mais bientôt d’énormes volutes de vapeur s’échappèrent de la pièce d’en face par le petit interstice qui Kazumi avait négligemment laissé ouverte.

« Souhaiter-vous que je ferme la porte ? » dit-il dans le couloir.

La chaleur de l'eau lui faisait un bien fou. Elle avait bien besoin de se relaxer pendant quelques instants, la suite des évènements allait lui demander pas mal de travail. Organiser un repas pour plus de 5 personnes, ce n'est pas évident quand on est tout seul. Elle n'avait même aucune idée de l'heure à laquelle les invités devaient commencer à arriver. Vers 20 heures. C'est tout ce que son mari avait pu lui dire au téléphone. Elle commençait à avoir l'habitude, mais elle n'aimait pas trop ça.

Le bruit de la douche s'arrêta alors qu'elle entendit la voix de son hôte dans le couloir. Enfin elle n'avait pas entendu le début de la phrase en fait. Mais elle présuma qu'il lui demandait si il voulait fermer la porte.

"Non, ça ira, merci, j'ai terminé. Je suis à vous dans un instant..."

Tout en se séchant, elle considérait la situation. Un jeune inconnu...chez elle...plutôt beau garçon...cela faisait si longtemps qu'elle...n'avait pas...Kazumi se surprit à imaginer des scénarios complètement fous où l'autre épiait à travers l'interstice de la porte, la prenait sans autre forme de procès, sur la table de la cuisine...

Elle secoua la tête en finissant de se sécher les cheveux, assise devant le miroir. Cela n'allait décidément pas dans sa tête. Elle commençait à perdre pied avec la réalité. En plus, ce garçon, elle ignorait tout de lui. Elle ne pouvait pas décemment faire ça avec le premier venu...Pourtant...

Citation :

A n'ouvrir que si tu tentes de jeter un coup d'oeil par l'interstice, sinon, au suivant

Spoiler:

Les gouttelettes d’eau qui devait ruisseler sur le corps de son hôtesse en ce moment s’estompèrent de pleuvoir. La douche s’était tût au profit du silence habituel qui habitait les lieux et la jeune femme lui répondit qu’il n’avait pas besoin de fermer la porte. Un brouillard épais inondait la pièce et obscurcissait le corps de sa connaissance mais la substance gazeuse se disséminait à travers le couloir à une vitesse impressionnante. L’adolescent se devait de réagir instantanément s’il ne voulait pas se retrouver dans une situation embarrassante. Il s’esquiva sur un côté de l’encadrement de la porte, s’appuya sur un pan de mur et se souvint des quelques images qui venaient de se dérouler sous ses yeux. Une ombre à la poitrine opulente, enveloppé dans un doux tissu, se séchant avec légèreté. Sans prendre conscience de ses actes, le lycéen saisit la poignée de la porte et fondit à l’intérieur de la salle de bain, refermant la porte d’un coup sec. En une poignée de secondes, l’élève venait d’oublier que la jeune femme était mariée, qu’il n’était encore qu’à l’école, et qu’ils étaient de parfaits inconnus l’un pour l’autre.

« Excusez moi, je n’ai pas pu résister à la tentation. Je vais sortir… »

Il n’avait pas encore osé lever ses sourcilles et n’avait donc pas découvert la nudité de Kazumi.

Tout en chantonnant, occupée qu'elle était à sécher ses cheveux, elle n'avait pas vu la porte s'entrebâiller plus que d'habitude. La vapeur se dispersait au fur et à mesure, restait dans la pièce une chaleur de sauna. Elle sursauta en entendant le claquement de la porte et se retourna pour voir son hôte plaqué contre la porte, les yeux clos, balbutiant quelques excuses.

"Ah..."

Fut tout ce qui sortit de sa bouche. Même pas un cri d'indignation, une insulte, un jet d'objet. Non, rien. A vrai dire, elle était trop surprise pour pouvoir dire quelque chose. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête a vitesse grand V. Immobile, la serviette autour du corps, elle se contentait de le regarder, lui même immobile près de la porte.

Elle s'avança vers lui, doucement, se penchant vers sa tête.

Spoiler:

"Vous...vous ne vous êtes pas cogné au moins ?"

« Ah » fût l’unique onomatopée qui parvint aux oreilles du voyeur. Les prunelles chocolat du jeune homme se découvrirent et contemplèrent le corps divin qui s’offrait à lui. Des formes opulentes et abondantes composaient son enveloppe charnelle, en particulier une poitrine disproportionnée. Ses cheveux blonds vénitiens resplendissaient à la lumière du soleil qui perçait à travers les fenêtres, ses iris indigo irradiaient son regard charmeur et le grain de beauté qui siégeait sous ses lèvres pulpeuses l’hypnotisé. Dans une image surréaliste, comme si une parfaite inconnue s’apprêtait à s’abandonner au lycéen, la jeune femme s’approcha délicatement vers lui et s’épancha vers le visage de l’élève.

« Je vais bien, je crois… »

L’adolescent ouvrit la porte en un tour de main, saisit Kazumi en glissant l’un de ses bras au creux de sa taille et l’éjecta au dehors. Ses lèvres étaient à quelques millimètres des celles de son homologue féminin, plaquée contre le mur.

Penchée sur lui, la serviette cachant ce qu'elle pouvait de son corps, Kazumi regardait plus ou moins le visage qui lui faisait face. Un peu flou, car elle ne portait pas ses lunettes. Elle restait là sans rien dire, pouvant presque ressentir le regard du jeune garçon qui scrutait le moindre détail de son corps exposé. Le rouge lui monta aux joues et esquissa un léger recul mais elle se fît prendre par la taille et propulsée à l'extérieur par une main décidée.

Elle heurta le mur du couloir juste avant de se retrouver à quelques millimètres du visage du jeune garçon. Sa serviette était tombée et sa forte poitrine se retrouvait collée contre la chemise de l'adolescent. Tant de vigueur, tant d'ardeur...

"Ahh...Que...Qu'est ce que vous comptez faire..."

Le torse du jeune homme se trouvait compressée par l’abondante poitrine de son hôte. Si proche, il pouvait apercevoir ses prunelles violettes avec exactitude et appréciait sa beauté objectivement. Mais il ne souhaitait pas aller plus loin sans son consentement, c’est pourquoi Gunther desserra son étreinte, s’abaissa, ramassa et couvrit la jeune femme avec la serviette empoussiéré qui s’était laissée choir

-Veuillez m’excuser, je me suis laissé emporter. Je vais vous attendre en bas.

Il se retira et descendit les escaliers pour retrouver la petite cuisine. La bouilloire laissait échapper quelques panaches de fumée et sifflait quelque peu. Ebranlé et honteux de son comportement, il se laissa tomber sur une chaise avec un grand soupir. Là, il sirota son thé en attendant Kazumi, espérant qu’elle n’avait pas peur de lui, après tout ce n’était qu’un lycéen.

Le temps semblait s'arrêter. Kazumi ne bougeant pas, les yeux toujours fixés vers le regard du jeune garçon qui ne bougeait pas non plus. De longues secondes s'écoulèrent ainsi, avant qu'il ne se décide à reculer, faisant retomber la poitrine de la maîtresse de maison. Il lui remit la serviette qui était tombée par terre avant de redescendre, bafouillant quelques excuses.

Kazumi resta un petit moment encore un peu sous le coup de l'émotion, puis elle se dirigea vers sa chambre afin de se vêtir. Elle enfila des dessous rose foncé et son ensemble de travail habituel, un sweat au col large qui retombait sur les épaules et une jupe beige. Puis elle décrocha son tablier et le noua autour de son cou avant de remettre ses lunettes et de redescendre. Son invité était là, visiblement mal à l'aise, ce qu'elle pouvait comprendre. Elle ne s'attendait pas à ce qui venait de se passer, même si secrètement elle aurait pu le vouloir. Elle se demandait même pourquoi une légère sensation de déception l'habitait.

Elle se servit un thé et s'assit en face de lui, sans trop oser le regarder. Elle était encore un peu rouge, à la fois honteuse et encore surprise. Elle jetait parfois un petit regard vers le jeune homme qui avait aussi le nez dans sa tasse pour la plupart.

"Euh...vous prendrez du sucre ou de la crème ?"

L’adolescent n’eût seulement que quelques minutes de répit avant d’entendre les bruits des marches de l’escalier qui indiquaient que la propriétaire des lieux avait fini de s’habiller et avait visiblement retrouvé ses esprits. Le lycéen n’osait pas croiser le regard perturbant de la fée du logis, dans lequel il n’arrivait à déceler aucune colère. Le rouge lui était monté aux joues et une atmosphère pesante tenaillait la pièce. Ce fut la jeune femme qui brisa la première le silence de mort qui s’installait, lui demandant avec courtoisie s’il désirait du sucre ou de la crème :

-Actuellement, pour être honnête, c’est de vous que j’ai envie.

La question était pourtant des plus innocentes. C'était simple, du sucre ou du lait. Et voilà qu'il lui disait tout de go qu'il avait envie d'elle. Comme ça. Elle rougit encore davantage, si c'était possible et replongea le nez dans sa tasse. Elle ne disait rien, tâchant de se concentrer sur son thé, mais ce n'était pas facile. Elle s'éloigna de la table, allant au robinet pour nettoyer, pour la deuxième fois, une assiette.

"Je...je...pas aujourd'hui...je ne peut...j'ai un long repas à faire..."

Elle essayait de ne pas le regarder, de rester muette, mais les petits tremblements qui agitaient Kazumi la secouaient au point qu'elle faillit casser un verre. C'était une vaisselle plus compulsive qu'autre chose. Il l'attirait pourtant, tant de désirs qu'elle avait accumulé...Mais c'était aussi tromper son mari. Cela n'était pas aussi facile. Tetsuo, même si il ne la satisfaisait pas, lui fournissait un toit, des économies, une bonne situation...

"Je...revenez...si vous voulez...samedi prochain..."

- Samedi prochain, c'est d'accord.

Kazumi Shrirage avait encore rougi et semblait décontenancé une fois de plus alors que dans le même temps son interlocuteur devenait de plus en plus à l'aise et abordait les questions délicates de front. Il devrait donc patienter encore une longue semaine avant de la revoir et d'après ce qu'il avait compris de conclure avec cette femme assez mûre comparée au jouvenceau qu'il était. Il s'en alla donc en attendant le weekend prochain avec impatience