Une mélodie, au calme, un verre, à boire. [pv]

[ noir = l'homme d'affaire, brun = Jeff le barman ]

Suivis de la jeune Solis, Eishi marchait à son aise, ne voulant pas faire marcher vite son interlocutrice. Ainsi, au bout de plusieurs minutes, voir dizaines de minutes, ils étaient enfin arrivé, d'abord à la sortie de la forêt, puis peu après, au bar où travaillait Eishi. Il ouvrit la porte, entrant dans une atmosphère assez plaisante. En général, c'était sombre et calme, mais ici, il était encore plutôt tôt par rapport à d'habitude. Il y avait quelques jeunes, des habitués et d'autres invités. D'ailleurs, à son entrée, il ne rate pas une occasion de se faire remarquer. Alors que le patron du bar voulait lui adresser la parole, un étrange individu en costard cravate, armé de sa valise en main, se rapprocha brusquement de lui.

-" Edge, t'es en... "

-" Mister Edge ! Finally you're here ! I waited all these last six hours to se you ! You're late you know ? Did you already forget that you have a important meeting with m... "

Sans crier gare, Wakana repoussa l'homme d'affaire tout en prenant la parole, interrompant donc la brute.

-" Just shut up... You disturb my feelings. Go away, we'll see that later, I have a more important thing for now. " Temps de pause avant qu'il ne reprenne ses mots... " Je m'étais déjà excusé à l'avance, mais désolé encore Joy, ce type me met de plus en plus sur les nerfs. Mais bon, assis toi, il sait très bien qu'il n'a aucun droit sur moi. Jeff, voici Joy, Joy voici Jeff, mon patron. "

-" Enchanté ma p'tite dame. Edge, tu sais que j'aime pas que tu nous fasse des coups pareil... Bien que c'était marrant d'te voir donner un coup à l'autre. T'as une prestation dans pas longtemps, alors ne traine pas trop. "

-" Comme tu veux. Sers moi un espresso alors... Joy-chan, prend ce dont tu as envie."

Eishi tourna les yeux vers son amie, se demandant ce qu'elle devait penser d'un tel troupeau de type bizarre... 'fin, en voyant le faussaire, ça n'a rien d'étonnant en même temps, de le voir côtoyer des types pareils. Il lui sourit, avant de regarder cette fois-ci le piano sur la petite estrade, dans le coin de l'intérieur. Un type, qui semblait être le serveur, semblait passer un coup de chiffon dessus. C'était "l'habituel coup de chiffon en l'honneur de monsieur", qu'il disait. Il laissa échapper un rire lorsque ce triple idiot lui fit un signe de la main. C'était comme deux frères, qui passaient leur temps à rejeter la faute sur l'autre, à se disputer pour un oui ou un non et, dans les moments durs, à protéger l'autre. Il finit par poser une question à son invitée, une bête question qu'il aimait bien poser aux nouveaux venus.

-" Alors, tes premières impressions ? Pour ma part, mon avis perso est qu'on est juste une bande de tarés réunis en un seul et même endroit. "

Le barman revint porter son café au pianiste, celui-ci ajouta ses deux sucres dedans et tourna la cuillère, avant d'en boire une petite gorgée, retirant doucement ses lèvres pour reposer la tasse sur la coupole. Il regardait à l'intérieur comme une voyante qui plongeait son regard dans une boule de cristal. Pensif, il avait une légère expression au visage, il était de bonne humeur après tout.

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( Je répond direct ici ~~*flemme *PAF**~~ c'est plus simple 8D )

Sur le chemin, Joy était très calme, ne savant pas trop à quoi s'attendre. Quoique, dans un bar c'est généralement bruyant, mais très joyeux. Un endroit où elle n'aurait jamais été. Pourquoi avait-elle accepter alors ? Mystère... Elle ne savait pas trop non plus comment réagir, ni même que dire, sachant que vaguement comment est ce genre d'endroit. Loin de son silence. Mais changer d'air n'est pas plus mal après tout. Et rester naturelle reste l'unique chose à faire. Heu... Finalement non. Si un sourire peut réellement faire croire un tas de choses positives... Il faut essayer, elle n'a rien à y perdre, bien au contraire. C'est une bonne dizaine de minutes après qu'ils arrivèrent à destination, pas très rassurée de ce qu'il pourrait arriver. D'ailleurs, dès l'entrée ce fut... étrange ? Je ne sais pas si c'est réellement le mot, mais quoi qu'il en soit, cette ambiance n'était pas déplaisante certes, mais inconnue à ses yeux.

Un homme d'affaire commença à aborder le garçon. Celui-ci parlait anglais; Joy comprenait donc tout ce qui se disait. Mais, était-ce pour plaisanter ou parlait-il vraiment anglais ? Cet anglais était louche. Très même. Et cette façon de parler.. Ah, qu'est-ce que ça pouvait l'agacer ! Avant que cela n'arrive, il "l'envoya balader" afin de la présenter au patron et de s'excuser à nouveau. Bien sûr, ce n'était pas grave, il n'avait même pas à s'excuser. Devait-elle sourire ? Raconter une partie de sa vie ? La seule chose qui sortit de sa bouche fut:

<< Enchantée. >>

Clair, net et précis ! Comme dirait la jeune fille. Disons plutôt normal et simple. Et elle n'avait aucunement envie d'étaler sa vie à n'importe qui. Bref, passons. Eishi se tourna vers elle en souriant, elle fit de même. Un sourire pas très sincère, mais bon. Avant cela, elle avait demandé un chocolat chaud, étant donné qu'elle pouvait prendre ce dont elle voulait et qu'elle avait toujours froid. C'est à ce moment-là qu'elle remarqua qu'elle avait toujours la veste de son ami sur ses épaules, qu'elle s'empressa de lui rendre avant d'enfin s'asseoir, observant ce milieu qui lui paraissait étrange, pourtant très conviviale. Ce qu'elle en pensait... Etait-elle obligé de répondre avec sincérité ?

<< Pour être honnête, je ne sais pas trop quoi pensé... C'est nouveau pour moi. Etrange... >>

Avant qu'elle ne puisse continuer, elle fut interrompue par le barman qui amena le café d'Eishi et son chocolat chaud. Une fois que celui-ci parti après un simple "Merci" de Joy pour ne pas paraître trop impolie, elle continua:

<< Oui, c'est étrange. Cette sensation... Tout le monde à l'air de bien s'entendre, joyeux. C'est plutôt agréable. Au final, je sais pas trop... >>

Ces propos étaient vrais et ambiguë dans un sens. Pour elle c'était très précis, mais pour lui.. L'étudiante n'en savait rien. Ne se souciant que très peu de ce qui l'entourait, elle mena sa tasse vers ses lèvres, la tenant de ses deux mains, et entre-ouvrit sa bouche pour souffler dedans, c'était encore trop chaud pour elle, même pour ses mains, mais celles-ci avaient tellement gelés que ça ne lui faisait rien. Joy finit par prendre une petite gorgée, ça réchauffait plutôt bien, rien de tel en une journée aussi glaciale que celle-là. Il fallait qu'elle dise quelque chose pour rompre le silence entre ces deux-là, mais quoi donc ? Tout était mélangé dans sa tête.

La jeune fille semblait en effet un peu perdue, perdue face à ce genre d'atmosphère. Il se doutait que ça serait un peu risquer de l'amener comme ça aussi vite, mais après tout, ce qui était bien ici, c'était qu'on ne cherchait pas à emmerder l'autre. Il y avait ceux qui restaient dans leur coins, d'autre qui cherchaient à se mettre au bar pour parler et d'autre comme Eishi ou son informateur, le serveur, qui parlaient avec Jeff le barman, la plupart du temps. Elle donna donc son avis sur la situation, sur le bar et son ambiance. Bien qu'elle était vague dans ses mots, elle semblait honnête et d'un autre côté, il n'y avait pas grand chose à dire. Comme il l'avait précisé, pour le faussaire, ce lieu était un endroit dans lequel chacun avait sa place, du moment qu'il n'embrouillait pas l'autre. De son côté, c'était la bande des trois tarés, bien qu'aujourd'hui, c'était à l'homme d'affaire, dont d'ailleurs il ne connaissait toujours pas le nom, qu'il fallait remettre le prix du fou de la semaine. Il semblait stressé le gars, c'était pour ça qu'il n'aimait pas les société ou s'engager dans des trucs pareils. C'était déjà trop dangereux, trop de responsabilités et au final, trop de stress. Edge remit la veste, que Joy lui avait rendu avant, à la place d'à côté, sur le siège vide. Il se reprit une gorgée de sa boisson chaude, avant de reprendre la parole, sur un ton calme, neutre.

]-" Ne t'en fais pas, tu n'es pas obligée de t'en habituer. J'étais pareil au début, quand je suis venu ici pour la première fois. Je m'étais assis à cette même place, ne cherchant même pas à comprendre ce qui s'était passé. Et puis bon, au fil des jours, j'ai finis par sympathiser avec les résidents et puis par mettre mon talent à l'œuvre. Cherche juste à rester-toi même, le reste ira au naturel. D'ailleurs, rien ne te retient ici et, si pour une raison ou une autre, tu veux t'en aller, on ne t'en retiendra pas. "

De nouveau, il déballait un peu sa vie, sans vraiment s'en rendre compte, il voulait juste donner un exemple, voulant montrer que c'était pas tabou de ne pas se sentir habitué à tout ça. Peut-être que son espresso avait atteint ses neurones aussi ? Qui sait. Il finit par repartir dans son délire, si on pouvait appeler ça comme ça.

-" Enfin, au moins, tu aura vu dans quel genre d'endroit je vis, vu que j'y passe la plupart de mon temps libre tout en y travaillant. Bien que je commence sérieusement à penser retourner à l'école. Quand je vois ce genre de type, qui m'agresse car j'ai envie de rester libre de mes actions, j'me demande si c'est pas trop risqué de ne pas avoir d'assurance, comme un diplôme ou autre. Mais je ne pense pas abandonner cet endroit pour autant... C'est mon nouveau chez moi ici, un peu comme ma famille. J'peux pas les laisser tomber, j'm'en voudrais. Hé hé... ça doit peut-être paraître bizarre, mais je suis comme ça... je m'attache à des gens comme eux, les prenant pour une nouvelle famille alors que je n'ai aucun lien réel avec... Je me donne un peu comme une raison de rester ici et puis... au moins, si un jour j'aurais besoin d'aide, je saurais qui trouver. "

Sa tasse était déjà bientôt finie. C'était aussi signe qu'il allait bientôt se rendre sur le piano, qui sait ? Mais il voulait prendre son temps, déjà il cherchait quoi jouer, une mélodie calme et simple peut-être, pour garder le calme apaisant qui régner ici. C'était pas un silence de mort, mais c'était pas si bruyant non plus... Un juste milieu entre le calme et l'ambiance joyeuse, comme le disait si bien la jeune Solis juste avant.

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C'est vrai que c'était nouveau, pour elle qui restait toujours seule, dans la nature, détachée du monde. Pourtant, cette atmosphère était plutôt plaisante, n'étant malgré tout pas vraiment le genre d'endroit où vous la verrez souvent. Pourquoi ? Peut-être parce que cette phrase "mieux vaut être seul que mal accompagné", Joy considérait qu'elle était vraie jusqu'à il y a peu. On s'aperçoit que cette phrase n'est pas vraie dans tous les cas. Au fond, elle à raison, voilà la preuve: Elle se retrouve ici avec une personne rencontrer la veille, qu'elle considère déjà comme un ami. Sauf que ça n'a pas de sens. Car elle est loin d'être mal accompagné.

<< C'est juste que je n'ai pas encore l'habitude... De cette atmosphère. De cette joie, mais pourquoi partir ? Non... Et puis je ne veux pas partir. >>

Non seulement ça ne se faisait pas, mais en plus elle pourrait rendre Eishi, comment dire... Mal à l'aise ? Non, ce n'est pas le mot. Quoi qu'il en soit, en aucun cas elle partirait sauf si on l'y obligeait. La jeune fille finit par reprendre quelques gorgées de sa boisson, tout en écoutant ce qu'il lui disait. Un nouveau chez-moi... Comme une nouvelle famille... Qu'est-ce que c'était au fond ? Certainement quelque chose de bien. Et en vue de son passé, quelque chose de mieux. Certains disent que leurs amis sont comme une deuxième famille. Dans son cas, ils pourraient même remplacer sa véritable famille. Que pouvait-elle répondre à ça ? Soit rien, et il penserait qu'elle s'en fiche, soit, quelque chose qui n'a pas de sens, ne connaissant pas le réel sens de l'amitié. L'amitié, un lien bien étrange. Des hauts et des bas... Avec beaucoup de bas. Une question se promenait dans son esprit, en rapport à tous cela, à l'amitié, aux amis.

<< Penses-tu que l'on choisit ses amis ? Pour ma part, je cherche encore une réponse... >>

Dans sa vie, elle a pu entendre à la fois qu'on les choisit, à la fois le contraire. Par contre, concernant la famille, l'unique chose était qu'on ne la choisit pas. Malheureusement, la sienne est un exemple type. Cette réponse, inutile de songer à l'obtenir un jour. C'est déjà raté, fini, impossible. Avec un tel caractère, c'est fichu d'avance. Mais apparemment lui, semble l'apprécier. Du moins un minimum sinon, pourquoi l'aurait-il invité ici ? C'est vrai, pourquoi ?! Hors le fait de lui montrer son talent... Il y a peut-être une raison. Ou pas. Mais l'affection n'était pas son truc. Rares ont été les gens sympathiques et affectueux avec elle. C'est p'tète cela qui a rendu Joy comme ça; froide, détachée du monde et indifférente. Que rien n'avait de valeur ou d'importance à ses yeux. Rien, ai-je dis ? Ou si, peut-être quelque chose. Quoi donc ? Mêlez-vous d'vos affaires, ça vous va !

<< Tu vas trouver ça idiot mais... Pourquoi tenais-tu à m'amener ici ? Sans compter le fait de te voir exercer ton talent au piano... >>

Bravo ma p'tite ! Lui aurait répliqué une de ces connaissances dont le nom ne figurera pas ici. Disons plutôt que parler pour ne rien dire... Ne sert strictement à rien: ce qu'elle venait de faire. Mais... Qu'avait-elle dit de mal ? Pour la jeune fille, c'était une simple... question ? Oui c'est ça, une simple question.

Pas grand chose ne suivit les paroles du garçon, Joy prit tout de même la peine de prendre la parole pour citer quelques mots, bref mais clair et simples. Il n'avait rien à répondre et pourtant, une phrase traversa son esprit. C'était un peu la 'politique' qu'il accordait à la maison, c'est à dire, ici, à ce café, ce bar. Un peu comme un message d'accueil, que l'on pourrait mettre sur un panneau ou comme nom d'établissement, tout simplement.

-" Here's everyone home. "

C'était pas un murmure, mais c'était tout de même bas, seul ceux assis autour de lui sur le bar pouvait l'entendre, voir quelques personnes assises derrière, autour des tables. C'est vrais après tout, il l'avait un peu déjà dit par avant: ici, c'est un lieu où l'on peut se sentir comme chez soi, une nouvelle maison, une nouvelle famille... Se reprenant une gorgée de sa tasse, une belle question arriva à ses oreilles. Eishi n'avait pas vraiment d'idée sur comment répondre en vérité, mais il comptait bien prendre l'intention d'y réfléchir un peu. Alors, une demi minute après, il finit par dire ce qu'il pensait, sur un ton neutre mais apaisant, même si on pouvait ressentir l'incertitude à travers ses mots.

-" Tout dépend de toi-même... de ton propre avis sur la question. Avant d'avoir un ami, il faut rencontrer une personne... Après, si tu t'entends bien avec elle, que vous vous parlez souvent, bref, tu vois le genre, tu peux la considérer comme un ami. Mais c'est aussi à toi de voir si tu a vraiment envie de revoir cette personne par après ou si tu veux juste l'oublier. Il y aussi le point sur lequel on ne pense parfois que trop souvent: les disputes. Oui, on est ami, mais on se dispute aussi, c'est la vie. Même si parfois ça va trop loin, il faut être capable d'accepter, de pardonner et d'oublier si possible. Mon avis personnel sur ça serait que j'en sais rien en fait... Parfois, avec mon boss ou avec mon autre ami, là bas, j'me demande ce que je fais avec eux, mais au final, j'me sens bien en leur compagnie, ils animent ma vie et on partage de bons moments. Oui... "

-" La vraie question serait... ce que tu désire réellement. Ne cherche pas à te compliquer la vie, ne force pas si tu vois que ça ne mènera nulle part, agit juste comme tu le ferais pour n'importe quelle autre chose. "

Sa réponse avait peut-être était bizarre sur le coup, un peu perdus dans ses pensées en même temps, que pouvait-il répondre d'autre ? Il aurait aussi pu directement dire "c'est comme tu le désire", mais non, il fallait qu'il en rajoute une couche, par peur de mal se faire comprendre ? Ou parce qu'il voulait expliquer son propre point de vue aussi ? Ou juste pour passer le temps. Il valait bien mieux ne pas chercher à savoir ce que voulait vraiment le faussaire, juste que sa tête était enveloppée d'une brume épaisse en ce moment.

-" A partir du moment où tu te sens bien, il n'y a pas à se poser de questions. "

Il avait dit ça sur un ton amical, souriant, ayant retourné son visage vers celui de la jeune fille. Oui, peu importe le cas, l'important était que elle s'en sente bien. Sa tasse était maintenant vide, juste quelques résidus de sucres avec une gouttelettes de son espresso étant encore au fond. Il devait alors répondre à une dernière question posée par son interlocutrice, et non pas des moindres. Quoique... ? Pourquoi l'avait-il invité ? C'est vrais, après tout, ce n'était qu'une fille rencontrée un jour par hasard à la gare le jour d'avant celui-ci. Qu'avait-elle de spécial ? bah, ça serait exagéré de parler de cette manière.

-" Et si je té répondais avec une autre question: pourquoi m'as-tu suivis ? Enfin bref, je dois avouer que je sais pas trop pourquoi je t'ai invitée. C'est vrais que j'avais envie de te faire écouter le piano, mais au final, j'pense que j'avais juste envie de passer plus de temps. Après tout, on s'était bien amusée à la forêt juste avant donc et vu que je ne vais pas au pensionnat, je rencontre pas très souvent des jeunes de mon âge, la plupart du temps, ce sont des adultes, des gens qui viennent ici et encore, je ne leur parle quasi jamais. Je voulais juste faire durer... "

Wakana n'eut pas le temps de finir qu'il sentir deux petits objets sur ses oreilles. Il repoussa légèrement la tasse, croisant ses bras et fermant les yeux, silencieux. On l'entendait à peine respirer et souriait. C'était son ami le serveur, qui venait de lui poser des écouteurs du mp3 du garçon. On put l'entendre dire quelque mots du genre "j'pense que ces deux là t'iront à merveille aujourd'hui". Oui, de la musique, du piano plus précisément. Lorsque le garçon retourna à son travail, Edge se retourna vers Joy, lui souriant, avant de regarder le piano. Il lui fit juste un signe de la main, tapotant rapidement des doigts sur le bar, comme il le ferait sur les notes de l'instrument, avant d'aller s'assoir sur le petit siège, tabouret. Il prit juste le temps de s'inspirer, avant d'appuyer sur une première touche.

Petit à petit, une mélodie se fit entendre, jouée au rythme agréable donné par les doigts du musicien. De temps à autres, un rapide regard s'échappait de sa concentration pour l'adresser à ses amis, autant le barman que le serveur, ainsi que quelques habitués qu'il connaissait brièvement. Il n'oubliait pas Joy, pour qui il avait eu envie de jouer avant tout, en premier lieu. La première musique fut courte mais agréable à l'écoute. Au final, il se mit à en jouer une seconde, légèrement plus longe mais pas trop, ne voulant pas laisser son amie en plan comme ça.

Il arriva une courte pause avant le début de cette seconde partition. Une tout autre musique mais du même compositeur dont il s'inspirait aujourd'hui. Malheureusement, alors qu'il était arrivé vers la moitié de son jeu, le non-agréable homme d'affaire de tout à l'heure revint à la charge. Alors que Tsurane, le serveur, essayait de le garder en place, il finit par monter sur la petite estrade réservée au pianiste. Le sourire qui s'affichait jusque là venait de disparaître, mais il continuait de jouer. Pendant ce temps là, l'anglais parlait dans le vide, insistant pour que le faussaire fasse une espèce de signature. En gros, il voulait que le travail soit fait à l'avance, devant tout le monde, plus vite que ça. Il proposait de le payer double s'il le faisait maintenant.

Rien à faire, le garçon n'arrêtait pas, jusqu'à ce que le pauvre idiot eut la mauvaise idée de faire la plus belle connerie de la journée. Il appuya sur la main du garçon, stoppa net sa mélodie, laissant un bruit assez désagréable retentir dans le bâtiment. On pouvait reconnaître à ce moment là les habitués depuis toujours au pianiste: certains tournèrent soudainement le regard ailleurs, faisant comme si de rien n'était, d'autres attendaient avec impatience la réaction d'Eishi. Il retira ses mains des touches, les posant sur ses genoux, avant de se relever. Il prit le papier et la liasse de billet, fit signe à l'inconnu, dont il savait toujours pas le nom d'ailleurs, de reculer un peu, avant qu'il ne lui donne un magnifique crochet du gauche. Son regard était impassible, comme s'il n'avait en fait rien contre ce mec, comme s'il se fichait de ce qu'on pourrait penser de lui. Il signa le papier qui était déjà assez froissé, avant de le rendre à son propriétaire. Faux et futur usage de faux... C'était fatalement la raison de sa venue. Tsu-kun ramena le type, le foudroyant du regard, avant de le faire sortir du bar. Le serveur avait aussi prit l'argent pour le passer au barman qui le rangea dans un tiroir à part, qu'il verrouilla à clé. De son côté, le jeune homme termina sa mélodie au piano, pour enfin revenir aux côtés de Solis-san. Si au début, il semblait énervé, il reprit vite un sourire agréable et amusé vers la moitié de sa phrase.

-" S'il y a bien une raison pour laquelle je compte quitter ce job, c'est celle-ci. Ces hommes... Tous les mêmes, à vouloir leur bien au plus vite, n'ayant de respect que pour leur argent. Mais bon, c'est pas grave, vu que j'compte retourner en cours, ça me changer les idées. Parait qu'ils sont sympa là bas en plus. "

C'est ce qu'il dit, mais en le regardant, on aurait l'impression qu'il s'était pris un éclair à travers les yeux. Il osait plus vraiment parler ou bouger, avant de prendre une mine mélangeant timidité et crainte, voir angoisse et absurdité...

-" Heum, je sais que tu es nouvelle là bas mais... les profs et tout ça... Ils sont... pas trop sévères ? J'ai... entendu dire... que la sous-directrice... était... spéciale... "

La face cachée d'Eishi, à savoir sa petite phobie pour les profs et la direction... Ainsi que les autres membres du personnel des établissements scolaires. Traumatisme d'enfance ? Peut-être, c'est pas ici que vous le saurez...